Un Don Quichotte de la crypto ? Pas du tout ! Enfin, il avoue s’être senti fort seul lors de sa campagne pro-bitcoin dans les hémicycles parlementaires et autres débats publics. Mais les acteurs de l’écosystème blockchain, des entrepreneurs œuvrant pour un monde meilleur aux citoyens qui ont pris la peine d’étudier les technologies émergentes, toutes ces rencontres ont conforté Christophe De Beukelaer dans sa démarche politique. Ce qui lui permet aussi d'affirmer que la crypto a une valeur encore inestimée. Littéralement: politiques, dirigeants d'entreprises et d'institutions dénient le pouvoir de transformation numérique de notre société.
Au travers de son acte singulier, faisant de lui l’unique député d’Europe payé en bitcoin, Christophe De Beukelaer explique avoir voulu tirer le signal d’alarme. Pour tenter d’avancer plus vite et plus concrètement sur tous ces enjeux crypto.
- Les travaux portant sur la réglementation européenne des crypto-actifs (MiCA) ont « commencé à éveiller certains décideurs sur la réalité des enjeux », souligne-t-il. « Toute législation est appelée à évoluer, je suis volontariste, certaines dispositions dans MiCA vont dans le bons sens, apportent de la sécurité. D’autres mesures imposent des barrières inquiétantes comme avec la méfiance envers la détention en propre des cryptos. Cela appelle à poursuivre les recherches, alimenter le débat public. Les enjeux sont énormes. J’ai essayé de poser un acte à la hauteur. »
En adoptant pendant un an le bitcoin comme monnaie de travail, le député régional dit s’être attaqué au « dernier privilège des riches : l’inculture financière ». Et si le BTC a perdu de sa valeur marchande, les vraies valeurs de la crypto n'en ressortent que grandies.
La liberté financière, un enjeu démocratique passé sous silence
Christophe De Beukelaer remarque que nous évoluons dans un monde très incertain et risquons de voir apparaître de plus en plus, même en Europe, des pouvoirs forts, des régimes autoritaires. Perspective inquiétante pour nos libertés.
- « Et ça m’inquiète. Aujourd’hui, les gouvernements sont en train de supprimer le cash tandis qu’en parallèle se développent des monnaies numériques de banques centrales, avec l’euro digital prototypé par la BCE. Alors que personne ne sait ce que cela peut apporter de plus aux utilisateurs finaux, les citoyens, et qu’aucun débat démocratique n’a eu lieu. Cet euro numérique permettra à la banque centrale de savoir qui fait quoi de son argent à tout moment. Et toutes ces données seront centralisées à un endroit, à la banque des banques. »
Il ne s’agit plus d’une vision orwellienne, des opposants politiques risquent de nos jours de voir leurs comptes bancaires bloqués.
- « Ça pose un vrai problème démocratique. Dont on ne se soucie pas assez en Europe car on estime que les régimes politiques restent équilibrés, avec toute une série de règles luttant contre les abus, etc. Il faut pouvoir anticiper et offrir la possibilité aux citoyens de disposer d’un outil monétaire non censurable, à l’abri des dérives imaginables au vu de récentes évolutions. »
- « L’argent est un moyen d’expression de la liberté. On doit protéger cette capacité d’indépendance à l’heure d’une digitalisation à tout va, garder des remparts contre un contrôle excessif. Et le bitcoin est une protection contre le monopole monétaire et ses éventuelles dérives. Et l’idée d’un euro numérique piloté uniquement par une banque centrale donne un niveau de contrôle excessif à une seule institution. »
- « La liberté financière que j’entrevois au travers du bitcoin n’est pas celle de l’anarchie financière tolérant le blanchiment et autres abus, non, puisque tout reste entièrement traçable sur la blockchain. Sous pseudonymat, donc avec des moyens d’investigation, il est possible de retrouver d’éventuels fraudeurs. Le bitcoin voie royale du crime financier était un mythe que réfutent les études. »
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