#22 - 27 mars 2020

Une rue nommée désir

Une beauté glaçante et dérangeante : c’est ce que nous donnent à voir les photos des espaces publics les plus emblématiques des métropoles prises pour le New York Times. Connus pour leur grouillement incessant, les voilà vides – conséquence la plus visible du confinement de 2,6 milliards de personnes pour enrayer la dynamique exponentielle de la pandémie liée au coronavirus.

« Restez chez vous » : l’épidémie fait subitement de l’espace public un espace de danger. Un danger d’autant plus pernicieux et anxiogène qu’il est invisible, depuis le malade asymptomatique jusqu’au banc public ou au plastique du paquet de pâtes sur lequel s’est posé le virus.

Mais le confinement fait aussi de l’espace public un espace du désir : pouvoir s’y retrouver à nouveau signifiera le recul de l’épidémie. En attendant, des alternatives sont trouvées dans l’espace physique - avec des apéritifs organisés entre balcons – comme dans l’espace virtuel – depuis les visio-conférences jusqu’aux concerts retransmis en live depuis le salon des artistes, qui, tous, connaissent un franc succès, comme le montrent les sommets atteints en bourse par le titre de Zoom.

Besoin de contacts, soif de s’informer et de comprendre, là se trouve peut-être une des bonnes nouvelles tant attendues dans ce contexte sombre : la crise actuelle remet en avant le double sens du terme « espace public » en français, celui, d'une part, d’espace physique permettant le vivre-ensemble et la rencontre avec l’autre, et, d'autre part, d'espace abstrait du débat au sens d’Habermas. Elle nous révèle, quoique dramatiquement, combien ces deux espaces sont les piliers fondamentaux de nos sociétés démocratiques. – Chloë Voisin-Bormuth, directrice des études et de la recherche

 

Pas le temps de lire ? L’équipe de La Fabrique de la Cité s’occupe de vous.

REBONDIR – Dans un entretien accordé à CityLab, Michael Berkowitz, fondateur de Resilient Cities Catalyst, imagine les villes américaines de l’après-coronavirus : « le marché de l’emploi sera certainement stimulé, notamment par la construction de nombreuses nouvelles infrastructures. Cela nous donnera une opportunité incroyable de bâtir des infrastructures plus résilientes et d'impliquer les communautés dans ce processus ». Sarah Cosatto, chargée d’études

→ Et sur le même sujet : nos travaux sur la résilience urbaine et notre projet d’étude sur les liens entre grands projets d’infrastructure et d’aménagement urbain et démocratie.

 

GÉNÉROSITÉ COLLECTIVE – Produits alimentaires de première nécessité, livraisons prioritaires, coopération étendue avec des chaînes de supermarchés, sociétés de livraison à emporter et entreprises locales de taxis... Le gouvernement britannique lancera la semaine prochaine de nouvelles initiatives d’ampleur nationale visant à fournir de la nourriture aux consommateurs vulnérables et à mieux les protéger. Pour ce faire, il a ouvert sa base de données aux supermarchés afin de les aider à cibler les personnes dans le besoin. Ces dispositifs subsisteront-ils après la crise ? Permettront-ils alors de mieux faire face au vieillissement des villes ? Sarah Cosatto

 

LE TRANSPORT À LA MASSE… – Pour s’adapter à la situation actuelle, les transports collectifs ont dû réduire leurs fréquences et supprimer certaines lignes. Ce faisant, ils se privent sciemment de précieuses ressources financières pourtant essentielles pour financer la future reprise du service en subvenant à une demande croissante de déplacements, sans quoi celle-ci se reportera vers d’autres modes, comme l’automobile. Camille Combe, chargé de mission

 

… ET LA LOCATION DE COURTE DURÉE EN QUARANTAINE – Pour les propriétaires dont les biens sont proposés en location de courte durée sur des plateformes comme Airbnb, le coup d’arrêt porté au tourisme par l’épidémie de COVID-19 est lourd de conséquences. De nombreux investisseurs ont donc d’ores et déjà remis leurs biens à la location sur le marché plus sécurisé, bien que moins lucratif, de la location de longue durée. À Dublin, une augmentation de 64% des offres de location de longue durée a été enregistrée au mois de mars. Camille Combe

 

EN PARLANT DE LOGEMENT – Fortement ralentie depuis le début du confinement, l’activité du secteur de l’immobilier reprendra-t-elle de plus belle une fois la crise passée ? Ou bien nous dirigeons-nous vers une crise du logement ? Marie Baléo, responsable des études et des publications

→ Et sur le même sujet : notre rapport sur la crise du logement abordable dans les métropoles européennes.

Dernières publications

Twitter
LinkedIn
Website