#44 - 4 septembre 2020

« Villes de tous les pays, unissez-vous » : les villes sauveront-elles la planète ?

En 2019, les villes du monde entier ont vu défiler des millions de jeunes pour dénoncer l’inaction des États dans la lutte contre la crise climatique. Les villes sauront-elles faire ce que les États ne font pas ? 

C’est précisément parce qu’elles sont responsables de 70% des émissions de gaz à effet de serre et qu’elles sont au cœur du problème que les villes aspirent aujourd’hui à devenir des territoires de solutions. Elles n’auront pas d’autre choix : alors que près de 60% de la population mondiale est urbaine, chiffre qui pourrait atteindre 75% dans trente ans, ce sont leurs habitants eux-mêmes qui vont leur demander d’agir, alors même que la hausse des températures va rendre certaines villes, y compris en France, difficilement vivables pendant plusieurs semaines de l’année. Autre raison pour les villes de s’ériger en fer de lance de la lutte contre le changement climatique : la concurrence qu’elles se livrent pour attirer habitants et investisseurs. Leur positionnement dans la lutte contre la crise climatique sera en effet un levier d’attractivité.

Les villes ont de multiples leviers à leur disposition : elles peuvent en effet agir sur les deux principales sources d’émissions de CO2 en France, à savoir les bâtiments et la mobilité. Dans un pays très centralisé comme le nôtre, elles ont besoin de l’État mais disposent d’ores et déjà des outils efficaces, comme les plans de déplacement urbain et le plan local d’urbanisme.

Leur second levier d’action réside dans leur capacité à coopérer entre elles : elles sont concurrentes mais aussi partenaires. Lorsque Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l’accord de Paris et expliqué qu’il se souciait de Pittsburgh et non de Paris, Bill Peduto, maire de Pittsburgh, lui a répondu : « mon sujet, c’est Pittsburgh et Paris ». Magnifique manière d’expliquer ce travail quotidien que font les réseaux de villes dans le monde pour apprendre, progresser, répliquer. Dans un contexte de montée du protectionnisme et de repli des États, les villes sont à contre-courant : on pourrait dire que, pour le climat, elles ont fait leur le slogan « villes de tous les pays, unissez-vous». – Cécile Maisonneuve, présidente

→ Cet édito est issu des chroniques estivales de Cécile Maisonneuve sur France Info : retrouvez l’ensemble des podcasts et scripts de l’émission « Ma ville demain » ici.

 

Pas le temps de lire ? L’équipe de La Fabrique de la Cité s’occupe de vous.

« LA LOI R2D2 » – Tel est le surnom d’une loi mentionnant la mise en service de robots de livraison dans l’Utah, aux États-Unis. Alors que des lois similaires sont en germe ou déjà en vigueur dans d’autres d’États, elles reçoivent un accueil mitigé, entre promesses de baisse de la pollution et de la congestion et crainte des accidents. Bryant Walker Smith, professeur à l’Université de Caroline du Sud, note néanmoins que « nous ne sommes pas prêts de nous réveiller avec un robot Amazon frappant à la porte ». – Sarah Cosatto, chargée d’études

→ Et sur le même sujet : notre interview de Laetitia Dablanc, directrice de recherche à l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (IFSTTAR) sur la régulation du marché de la logistique.


PRÊTEZ L’OREILLE… –… aux podcasts de Union internationale des transports publics Australie / Nouvelle-Zélande dédiés aux « femmes qui déplacent des nations » : la dernière émission donne la parole à Rita Saffioti, ministre des transports et de l’aménagement d’Australie occidentale, qui revient sur les projets d’aménagement qu’elle a menés. – Sarah Cosatto


MEET ME ON HIGH STREET
– Au Royaume-Uni, entre 29 et 54% des commerces n’ont pas rouvert après le confinement selon les villes. Les premières études menées par la Local Data Company et par le Covid-19 Impact Monitor de l’Université d’Oxford ont montré que si les télétravailleurs fréquentent à nouveau les boutiques proches de leurs domiciles, une grande incertitude plane sur l’activité des commerces situés à proximité des espaces de bureau, parfois complètement désertés. – Sarah Cosatto

→ Et sur le même sujet : notre projet de recherche sur le retour de l’économie en ville.

 

MILLE-FEUILLES COMMERCIAL – Dans les villes moyennes françaises, le commerce de centre-ville représente 25% des parts de marché contre 65% pour le commerce de périphérie. Le déclin commercial des centres est, selon le géographe Iwan Le Clec'h, dû à l’hypermobilité permise par la voiture, à l’optimisation des déplacements et à la périurbanisation. Il décrit « la difficulté qu’ont les collectivités locales à trouver des solutions, des appuis techniques et des financements » afin de renverser la vapeur. – Romain Morin, assistant de recherche

→ Et sur le même sujet : retrouvez notre première audition pour l’Université de la Ville de Demain, en collaboration avec la Fondation Palladio, sur le thème « Repenser les liens entre mobilité et urbanisme : un enjeu crucial pour la ville bas-carbone ».


UN BILAN CONTRASTÉ
– Si le secteur touristique a connu à l’été 2020 d’importantes difficultés en France, certains territoires ont tout de même réussi à tirer leur épingle du jeu : c’est le cas de « la Bretagne,[le] littoral atlantique, […] la montagne ou encore [des] lieux de villégiature relevant du tourisme vert », selon Les Échos. Par ailleurs, le tourisme urbain a déjoué les prédictions : à l’exception de Paris, son activité semble s’être maintenue. Rendez-vous dans quelques mois pour le bilan annuel. – Sarah Cosatto

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