Construire un monde plus juste et en meilleure santé  - NL de La Fabrique de la Cité #75

#75 - 9 avril 2021

Construire un monde plus juste et en meilleure santé

L’édition 2021 de la journée mondiale de la santé de l’Organisation mondiale de la Santé a pour thème « construire un monde plus juste et en meilleure santé ». Avec la pandémie, les inégalités de santé préexistantes se sont creusées, entraînant également un accroissement des inégalités socio-spatiales. Les groupes sociaux défavorisés, discriminés, soumis à la pauvreté et aux conditions de travail les plus défavorables ont subi les taux de décès les plus élevés. En Angleterre et au Pays-de-Galles par exemple, le nombre de morts à la suite d’une infection à la COVID-19 est deux fois plus important dans les quartiers les plus pauvres, tandis que les minorités ethniques représentent 34% des malades développant des formes graves de la COVID-19, mais seulement 14% de la population totale. Comment expliquer ces inégalités face à la COVID-19 ? D’une part, les minorités et les groupes sociaux les plus défavorisés sont ceux qui sont également le plus touchés par une autre maladie facteur de comorbidité (obésité, diabète, asthme, hypertension, cancers…) ; d’autre part, ces groupes sont davantage exposés, à la fois en raison de conditions de logement rendant difficile voire impossible l’isolement ou le télétravail et en raison d’un moindre accès à l’offre de soins.

Pour « construire un monde plus juste et en meilleure santé », l’OMS identifie ainsi cinq piliers à l’action collective : permettre l’accès aux dernières technologies médicales (dont les vaccins) pour tous les pays ; développer l’accès aux soins primaires pour tous ; étendre la protection sociale aux groupes sociaux qui en sont privés ; renforcer la constitution de bases de données de santé fiables ; et enfin construire des quartiers sûrs, sains et sans exclusion. Au-delà de la crise actuelle, l’enjeu est donc triple : un enjeu social de protection et de soutien économique aux plus vulnérables ; un enjeu urbanistique et architectural pour reconnaître l’impact du facteur environnemental (lieu et modes de vie associés) sur la santé ; et enfin un enjeu de santé publique et d’aménagement du territoire pour garantir l’équité territoriale dans l’accès à une offre de soins de qualité.

Balayant le faux débat du choix entre lutter contre le réchauffement climatique, garantir la sécurité alimentaire, améliorer la santé publique et la prospérité partagée, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, affirme au contraire que tous ne sont que les faces d’une même médaille et que la pandémie a démontré l’urgence « d’investir dans la santé en tant que moteur du développement ». Tandis que les discussions ne cessent sur le devenir des villes petites et moyennes et sur celui des territoires ruraux, il faut revenir à certains fondamentaux bien connus des acteurs de terrain : si un cadre de vie plus apaisé attire de plus en plus, l’emploi, l’offre de formation et l’offre de soins restent les conditions sine qua non pour un changement de mode de vie et un déménagement. Alors que la santé est reconnue comme un facteur clé d’attractivité et de relance pour les territoires, alors que les villes prennent de plus en plus conscience de l’importance des facteurs environnementaux pour prévenir l’apparition de maladies et qu’elles sont aujourd’hui au premier plan pour organiser localement la campagne vaccinale, peut-on s’attendre à ce que les lignes bougent en faveur de compétences en santé à l’échelle des villes ? Si l’enjeu de créer de nouvelles compétences exclusives pour les villes en matière de santé environnementale nécessite de poser le débat, il est certain que remettre la santé au cœur des politiques territoriales nécessite d’actionner des leviers très divers : de la détermination de la bonne échelle du bassin de vie à couvrir et des coopérations interterritoriales à établir pour avoir une offre de soins sûre et de qualité à une politique d’attractivité territoriale permettant d’attirer et de conserver de nouveaux médecins en passant par l’adoption d’un nouveau paradigme d’aménagement ne faisant plus de la santé une simple option. Le défi est certes important mais il est d’ores et déjà possible de capitaliser sur les initiatives menées par les collectivités pionnières en matière de santé environnementale afin de clarifier l’étendue des possibilités d’actions actuelles et d’aider les autres collectivités dans leurs prises de décision. – Chloë Voisin-Bormuth, directrice de la recherche et des études

Et sur le même sujet : notre rapport sur les villes productrices de santé.

Pas le temps de lire ? L’équipe de La Fabrique de la Cité s’occupe de vous.

TÉLÉTRAVAIL DÉCONFINÉ – Les effets positifs du télétravail sur la réduction du nombre de kilomètres parcourus tendent à s’estomper, voire s’annuler, à mesure que les télétravailleurs vont vivre plus loin des centres-villes. Ce phénomène engendre également des risques pour les autorités organisatrices de mobilité, qui doivent s’adapter à une nouvelle demande plus difficile à desservir. –  Camille Combe, chargé de mission

→ Et sur le même sujet : notre note « Derrière les mots : le télétravail ».


L’EXPÉRIENCE DE L’INNOVATION Ikea s’associe à Helsingborg, ville du sud de la Suède, pour proposer des innovations grandeur réelle en faveur de « villes durables, abordables et pratiques pour les personnes, la planète et la société ». Trois grandes thématiques sont traitées : l’agriculture urbaine, l’avenir du commerce et le logement abordable. Ce partenariat répond à une nouvelle demande des villes et des habitants de pouvoir « voir », expérimenter et tester les innovations et ainsi pouvoir participer à leur amélioration avant de les adopter. – Chloë Voisin-Bormuth


RÉCITS DE FUTURS POSITIFS
– En novembre 2020, l’agence de conseil et de recherche urbaine dixit.net lançait un appel à l’écriture de récits positifs de l’après-pandémie. Quelques semaines plus tard, il est l’heure de découvrir les (bonnes) nouvelles du futur ! – Yamina Saydi, chargée de communication

→ Et sur le même sujet : notre recueil de nouvelles « La France des villes moyennes » regroupant les 14 nouvelles lauréates du concours de nouvelles organisé en partenariat avec Lire Magazine Littéraire.


L’OFFRE OU LE PRIX ?
– Qu’est-ce qui incitera le plus les usagers à reprendre les transports collectifs ? Le prix ou l’offre ? À Washington, où la fréquentation du métro a plongé de près de 85%, l’agence de transport évoque la possibilité de réduire le prix des titres de transport pour inciter les habitants à réutiliser les transports en commun… tandis que l’offre devrait rester bien inférieure à son niveau pré-pandémie, et ce, au moins jusqu’en 2022. – Camille Combe

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