Chère lectrice, cher lecteur,
Nous voyons la lumière au bout du tunnel de la pandémie. Elle est encore faible, mais elle est bien là. Selon le Conseil fédéral, il faudra attendre l’été pour que tous ceux qui le souhaitent soient vaccinés. Le soulagement est perceptible, et avec lui l’espoir d’un retour à la normalité. Mais de quelle normalité s’agit-il? Une partie de cette «normalité», du moins, est la menace du changement climatique qui implique désormais de tout nouveaux défis, même pour l’agriculture.
Un monde sans faim est-il possible d’ici à 2030? C’est ce que s’est demandé l’an dernier l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture avant de présenter son État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde . Malheureusement, les perspectives sont mauvaises. Le monde n’est pas en voie d’atteindre l’objectif «Faim zéro» d’ici à 2030, affirme le rapport. Bien au contraire: La sous-alimentation progresse.Une des causes sont les répercussions économiques et sociales de la pandémie de Covid 19. Après la pandémie nous guette une crise alimentaire. C’est pour cette raison que l’agriculture productive devient de plus en plus pertinente, et cela vaut pour le monde entier.
Le contexte plus large est clair: D’ici à 2050, la population mondiale augmentera jusqu’à atteindre 9,5 milliards de personnes. Nous devons donc avoir recours à des solutions innovantes pour que notre production réponde aux besoins supplémentaires en aliments. L’innovation permet, d’une part, de réduire les pesticides. D’autre part, elle contribue à augmenter la productivité tout en préservant les ressources. C’est ce qu’explique Felix Reiff, président du Conseil d’administration de Bayer Suisse, dans son billet d’opinion «Les produits phytosanitaires assurent la sécurité alimentaire dans le monde» sur swiss-food.ch: «Pour pouvoir être à la hauteur des enjeux qui nous attendent, il est indispensable de proposer de nouveaux produits phytosanitaires, innovants et plus durables, et de permettre leur utilisation.»
Au sujet du sens et de l’importance de la protection des plantes pour le futur de l’alimentation mondiale, le directeur de scienceindustries Stephan Mumenthaler pose cette question dans le «Handelszeitung»: «À quoi sert-il de diaboliser la protection des plantes?» Des associations environnementales et des partis de gauche condamnent sans nuances l'emploi des pesticides, omettant ainsi leur grande utilité dans la lutte contre la faim. Lors du débat à venir sur les initiatives agricoles extrêmes, il est donc essentiel que la population soit bien consciente de l’utilité de la protection des plantes. À cet effet, nous avons élaboré une fiche rassemblant Dix arguments en faveur de l’utilisation des pesticides.
Mumenthaler pense que la solution peut venir des entreprises de l’agrochimie. «Les entreprises de l’agrochimie considèrent qu’il est de leur devoir de poursuivre la recherche pour trouver de nouvelles solutions et pour améliorer sans cesse la qualité de leurs produits. Les efforts de l’industrie sont déterminantes pour combattre le fléau des criquets pèlerins ou le virus du zika.» La coopération est absolument déterminante pour la réussite, affirme Mumenthaler. «La collaboration et le dialogue entre l’industrie, les gouvernements, les institutions multilatérales et les ONG constituent la clé du succès. Les blocages empêchent le développement de solutions innovantes pour combattre les ravageurs, les mauvaises herbes et les maladies.»
Ici, l’initiative pour l'eau potable n’apporte absolument aucune contribution. Elle nuit à la production régionale et augmente le prix des produits régionaux. En outre, elle impose des interdictions de penser à l’État. Par exemple, l’EPFZ n’aurait plus le droit de mener des recherches que dans le secteur de la production sans pesticides. Cette restriction touche autant l’agriculture conventionnelle que l’agriculture biologique, car aujourd’hui les deux orientations utilisent des produits phytosanitaires comme des biocides pour le nettoyage et la désinfection. Cette directive est extrêmement restrictive, dangereuse pour la recherche et non efficace.
À l’avenir aussi, la recherche a besoin d’un champ d’action libre. Sinon, nous empêchons le progrès. En même temps, l’importance de la recherche sur la durabilité et sur l’efficacité des ressources ne cesse de croître. Cela a également pour conséquence l’augmentation des coûts de la recherche pour de nouveaux produits phytosanitaires. En 1995, le développement d’une nouvelle substance coûtait 152 millions de dollars. Entre 2010 et 2014, les coûts de développement annuels s’élevaient en moyenne à 286 millions de dollars.
La recherche de pointe requiert de la place et une liberté d’épanouissement. À Zurich-Reckenholz, Agroscope exploite depuis 2014 un site d’expérimentation pour réaliser des essais de terrain avec des cultures génétiquement modifiées. Les résultats sont très prometteurs. Le blé de printemps a servi a étudié le mildiou, les pommiers ont servi à la recherche sur le feu bactérien, tandis que le maïs et l’orge ont permis d’analyser la résistance des champignons. En outre, un autre projet a tenté d’améliorer le rendement du blé d’hiver par des interventions ciblées sur le génome. Le problème: D’après le moratoire Gentech, il s’agit là d’une recherche à vitesse réduite. Cependant, l'alimentation mondiale et l’environnement auraient urgemment besoin de plantes résistantes et d’espèces résistantes au climat.
Outre leur entrave à la recherche, les protagonistes de l’initiative «Pour l’eau potable» ne se lassent pas de dénigrer l’eau potable suisse. C'est pour cela que nous avons examiné à la loupe le mythe selon lequel «L’eau potable en Suisse se porte mal» et discuté des reproches qui lui sont faits avec des toxicologues. La conclusion est claire: L’eau potable suisse se porte très bien. L'agriculture, les autorités et l’industrie travaillent intensément à la diminution constante des éléments indésirables. Mais on peut continuer à boire l'eau sans aucun soucis.
La rédaction de swiss-food.ch
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