De plus en plus de gens prêts à se faire vacciner | La technologie génétique en sauveuse | En finir avec la politique de deux poids deux mesures | Efficacité des ressources plutôt que moratoire
Selon les résultats de la dernière enquête sur la crise du coronavirus de l’institut de recherche Sotomo, le nombre de personnes qui déclarent vouloir se faire vacciner est en nette augmentation. Avec la disponibilité des vaccins, l’acceptation de la vaccination est un facteur essentiel pour endiguer la pandémie de Covid-19 durant le courant de l’année. Nous devons les vaccins déjà autorisés de Biontech/Pfizer et de Moderna aux progrès de la biologie moléculaire. Les vaccins à ARNm se basent sur une intervention génétique ciblée. Le vaccin d’Astra-Zeneca, qui devrait être prochainement autorisé, recourt aussi à la biotechnologie moderne. Le principe consiste à inoculer des gènes du coronavirus dans un virus inoffensif. Une fois que le vaccin est administré, le système immunitaire déclenche une réponse qui permet à l’organisme de se défendre contre des infections futures au coronavirus.
Faisant allusion aux avancées réalisées dans la vaccination, l’ingénieur agronome anglais Graham Brookes relève l’hypocrisie du rejet de technologie génétique dans l’agriculture. Alors que les progrès dans la médecine dépendent aujourd’hui très largement de la technologie génétique, les législateurs y font obstruction en Suisse et en Europe. Son utilité pour le développement durable est rejetée en bloc, sans base scientifique. Une politique de deux poids deux mesures étrange et dommageable. Un point sensible sur lequel Graham Brookes met le doigt.
Pendant ce temps, le coronavirus menace l’approvisionnement en denrées alimentaires dans de nombreux pays en développement. Avec l’arrivée des problèmes économiques, de nombreuses familles n’ont plus les moyens d’acheter de quoi manger. Pour que les produits alimentaires restent financièrement abordables dans un contexte d’accroissement de la population mondiale, il faut augmenter sensiblement la productivité et ménager les ressources. Il est temps d’engager une discussion factuelle et dépassionnée et de se demander quelles technologies protègent le mieux les ressources de notre planète. Car le développement durable au sens large suppose une utilisation efficace des ressources. Bien sûr, de façon totalement contre-productive, chacun peut se vanter de protéger la nature. Sur une échelle globale, il apparaît que ce qui n’est pas respectueux des ressources ne peut pas être écologique. Agroscope, par exemple, a montré que l’initiative pour l’eau potable fait en fin de compte plus de mal que de bien à l’environnement. Elle ferait augmenter les importations. Et cela n’est pas durable sur une échelle globale.
Lorsque les Etats-Unis nous reprochent, à nous-mêmes et à nos grands distributeurs, notre refus d’importer des aliments produits par biotechnologie, la critique ne devrait pas seulement servir à déclencher une levée de bouclier. Elle devrait au contraire susciter une réflexion honnête pour savoir si le refus de certaines technologies, comme les produits phytosanitaires de synthèse ou la biotechnologie verte, est opportun du point de vue du développement durable. Les responsables marketing qui mettent souvent le développement durable à toutes les sauces ont aussi un rôle à jouer.
En ce qui concerne la biotechnologie verte, la Suisse aura l’occasion au cours des prochains mois de mettre fin au moratoire sur les méthodes de sélection modernes et de poser les bons jalons pour l’avenir durant la procédure de consultation en cours. Le moratoire sur le génie génétique dans l’agriculture est totalement contre-productif. Les nouvelles technologies, comme le CRISPR/Cas9 ou séquençage du génome, permettent de faire un bond en avant et de rendre l’économie plus durable. Une étude de McKinsey parle de «bio-révolution». Elle arrive à la conclusion que durant les années à venir, les innovations en biotechnologie représenteront jusqu’à 50% de la capacité économique des entreprises et que ces technologies leur offriront donc un avantage concurrentiel. La productivité accroît l’efficacité des ressources et préserve la planète. Face à la progression démographique mondiale, elle prévient aussi les famines. Les Verts allemands eux-mêmes ne s’opposent plus strictement à la technologie génétique. Les faits supplantent l’idéologie.
En Suisse aussi, les travaux de recherche en biotechnologie verte se poursuivent, bien que freinées par un moratoire n’ayant rien de scientifique. Dans un article publié sur swiss-food.ch, Therasa Koller, une jeune chercheuse autrefois membre de Greenpeace, présente l’utilité de la biotechnologie verte. La protection de l’environnement et la technologie génétique ne s’excluent pas. Ses travaux visent à permettre au blé de résister aux maladies fongiques. Et, partant, à réduire l’utilisation de produits phytosanitaires.
Assumer ses responsabilités dans l’agriculture et la production agroalimentaire implique non pas d’occulter les progrès de la science, mais d’intégrer utilement ceux-ci pour utiliser efficacement les ressources. Il y a des choses à apprendre de la pandémie de coronavirus. Y compris en ce qui concerne l’utilisation responsable de la biotechnologie dans l’agriculture.
Bonne lecture, et prenez soin de vous!
La rédaction de swiss-food.ch
|