Paris, le 27 janvier 2023 - La
dégradation de la situation des droits humains en Algérie est plus
que jamais préoccupante. Tous les faits établis et documentés par
des organisations locales et internationales attestent d’une
dégradation permanente et de violations manifestes des droits et
libertés fondamentaux, depuis le 21 juin 2019, avec une aggravation
et une accélération depuis mars 2020, au début de la pandémie du
Covid-19.
A
travers cette vague répressive les autorités algériennes tentent
de briser définitivement la dynamique émancipatrice, citoyenne et
pacifique que constitue le mouvement populaire dit « Hirak »
depuis le 22 février 2019. Pour ce faire, les autorités n’ont eu
de cesse de diversifier le spectre de la répression à l’égard de
toutes les citoyennes et tous les citoyens : de celle ou celui
qui exprime son opinion, notamment sur les réseaux sociaux, jusqu'au
dirigeant associatif ou politique, sans oublier la mise en détention,
au prix d’allégations fallacieuses ou arbitraires, de
journalistes, d'avocats, de syndicalistes et de défenseurs des
droits humains. Toutes
les catégories sociales, toutes les professions sont ciblées dans
toutes les régions d’Algérie. La pénalisation
de tout engagement citoyen touche en fait toutes les organisations
autonomes, indépendantes du régime (associations de la société
civile, notamment de défense des droits humains, partis politiques
de l’opposition démocratique) et leurs responsables incarcérés
et condamnés pour leurs engagements au sein du mouvement citoyen, le
Hirak.
Ce
fut le cas le 24 décembre 2022, de l’arrestation
d’Ihsane El Kadi, une figure emblématique du journalisme
indépendant et du mouvement citoyen, dans des conditions
d’arbitraire total (interpellation à son domicile à minuit, garde
à vue dans les locaux de la sécurité intérieure) et son placement
sous mandat de dépôt le 29 décembre. Tout comme la mise sous
scellés sans aucune décision de justice de l’entreprise Interface
Médias
dont il est directeur.
Dernier
acte en date, vendredi 20 janvier 2023, la dissolution de la Ligue
algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH)
qui
a appris cette décision gravissime par les réseaux sociaux suite à
une requête du ministère de l’Intérieur. Le tribunal
administratif d’Alger, sans prévenir la LADDH, a statué le 29
juin 2022, en faveur du ministère, ne rendant publique par des voies
non réglementaires cette décision qu’en septembre, sans toutefois
la communiquer à la partie concernée qui n’a jamais eu la
possibilité de se défendre, ni même de prendre connaissance de ce
qui lui est reproché avant vendredi 20 janvier 2023.
Face
à cette situation manifeste de négation des droits humains, nous
signataires, dénonçons la politique répressive menée par les
autorités algériennes envers les citoyens du Hirak et tenons à
manifester notre solidarité et apporter notre soutien aux
organisations défenseurs des droits humains en Algérie.
Nous
tenons à rappeler aux autorités algériennes leurs obligations, en
tant qu’Etat partie, dans le respect des droits humains contenus
dans les conventions et traités internationaux que l’Algérie a
signés et ratifiés.
Nous
appelons les sociétés civiles et toutes
les consciences libres partout dans le monde, à
exprimer leur solidarité avec les Algériennes et les Algériens
dans leur lutte pour les droits humains et les libertés
démocratiques.
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