.

N°11

(du 05 au 18 mars 2021)

 

Chers amis lecteurs et j'espère bientôt spectateurs, ce mot du Président de Clermont Auvergne Opéra pour vous dire que comme vous tous, je suis en manque de voix, de musique, de costumes, de décors, bref d' "Opéra live". Depuis des mois nous sommes condamnés par le Covid 19 à nous contenter d'enregistrements, captations, et autres musiques virtuelles. Alors vivement demain !

Un demain que nous préparons activement aujourd'hui. Nous sommes prêts à vous offrir une saison 21-22 comme vous n'en avez jamais vue ! 2 "créations maison" de CAO, 4 opéras, 2 grandes voix, et bien d'autres moments de bonheurs (si les conditions sanitaires le permettent bien sûr).

En attendant, nous gardons l'espoir d'une éventuelle réouverture dans les prochaines semaines, et nous travaillons avec enthousiasme pour vous offrir aussi quelques impromptus musicaux dès ce printemps, des surprises dont nous vous reparlerons d'ici peu...

Notre raison d'être et notre fierté est de pouvoir vous retrouver pour savourer des oeuvres remarquables et enfin renouer avec le spectacle vivant. Faisons preuve d'optimisme, tout cela va revenir et il y a fort à parier que vous serez plus nombreux que jamais à venir voir et vivre cet art total qu'est l'Opéra. Alors je vous dis "courage et confiance", la vie va repartir de plus belle et nous serons au rendez-vous !

 

Jean-Pierre HENRIOT, Président de Clermont Auvergne Opéra.


   SOMMAIRE

      


             METIER D'OPERA  avec Gaspard Brécourt, Chef d'Orchestre            
             PAUSE CAFE
avec Lila Forcade de l'Orchestre national d'Auvergne
             L'ACTU de CAO Visite de nos nouveaux locaux
             NOTRE SELECTION d'évasions musicales           
             LE COIN
des petits (et des plus grands
)
             HOMMAGE à Jean-Louis Jam

            

            

            

METIER D'OPERA Chef d'orchestre

Ah, au tour du fameux chef d'orchestre ! Figure emblématique qui provoque beaucoup d'admiration, et dégage un fort charisme. Comment devient-on chef d'orchestre ? la gestuelle est-elle si codifiée qu'on le croit ?  ...
Voici un entretien avec Gaspard Brécourt, formé à la Maîtrise de Radio France, et au CRR de Boulogne-Billancourt, il a d'abord été chef de chant et pianiste accompagnateur, avant de se consacrer pleinement à la direction d'orchestre.

Depuis quand êtes-vous chef d'orchestre ?  Je suis chef d’orchestre depuis quinze ans après avoir été chef de chant dans plusieurs opéras en France et à l’étranger. Le métier de chef de chant prépare profondément à celui de chef d’orchestre car il permet de côtoyer le répertoire de l’opéra de près ainsi que des chefs très différents. La vocation de chef d’orchestre est née dès mon plus jeune âge, à 7 ans, quand j’étais chanteur à la maîtrise de radio-france. Avoir la chance d’être dirigé par des chefs illustres comme Sir Colin Davis, Lorin Maazel, Marek Janowski, Armin Jordan a sûrement aiguisé mon appétence pour ce métier extraordinaire.

 

Quelles sont les qualités du chef d'orchestre ? La mise en confiance. Lorsque l’on travaille avec des chanteurs, on s’adresse à des individualités. Chanter est une mise à nue, je suis là pour les soutenir, respirer avec eux. Avec l’orchestre, c’est un peu différent, c’est une force en nombre qui vous juge très rapidement ; quelques minutes suffisent pour que ce dernier sache qui il a devant lui. Le chef lui, doit avoir une idée très précise de l’œuvre qu’il va faire travailler et du chemin qu’il va emprunter avec l’orchestre jusqu’à la représentation. Il s’adapte à l’identité musicale de l’orchestre, à ses couleurs et à ses individualités.

 

Avant un concert, quelles sont les étapes de travail ? Quelles sont celles que vous préférez ? Tout d’abord, je travaille à la maison. A la table, face à la partition, je la lis et l’écoute intérieurement. Puis, je la joue au piano pour synthétiser l'œuvre. Ensuite, nous commençons les répétitions avec les chanteurs au piano. Puis j’entame des lectures avec l’orchestre. Avant de réunir tout le monde lors des pré-générales et générales. Ce travail essentiel permet de découvrir (ou de redécouvrir) l’œuvre qui sera jouée au concert. Grâce à une étroite collaboration entre le chef et les musiciens (chanteurs et instrumentistes) nous sculptons l'œuvre et nous l’approprions. Là, naissent le travail d’équipe et la confiance réciproque : les clefs de réussite d’un spectacle. 

La finalité reste évidemment le concert. Ce qu’il y a de plus admirable au cours de la représentation, c’est que rien n’est figé. Nous pouvons changer certaines choses au cours de cette dernière sans que cela ne perturbe les musiciens. Au contraire  : cela donne un nouveau souffle qui nous éloigne d’une possible routine. C’est ce qui fait la beauté du spectacle vivant.



Les gestes d'un chef sont-ils très codifiés ? La première chose que l’on demande à un directeur musical c’est que sa « chorégraphie » soit comprise par les artistes en fosse et sur le plateau. La gestuelle doit être claire et précise codifiant sans doute certains gestes.

Mais si battre une mesure à 4 temps reste universel, chacun à sa propre chorégraphie pour se faire comprendre. Certains utiliseront beaucoup le haut du corps là où d’autres ne se serviront que des bras et du regard. Tout cela entre dans le domaine de l’intime. A chaque chef sa manière de diriger. Si la technique s’apprend, le rendu et la manière d’interpréter physiquement une œuvre appartiennent à l’individu.



Quels sont les chefs qui ont votre admiration et pourquoi ? J’ai une admiration infinie pour Carlos Kleiber. Cet homme représentait la musique à l’état pur. Une gestique d’une fluidité hallucinante et un sens musical hors du commun. Il donnait envie de le suivre au bout du monde, cela se voyait sur le visage des musiciens. Encore une qualité qu’un chef doit avoir. Transporter son petit monde là où il ne s’y attend pas.

J’ai adoré Léonard Bernstein pour son charisme et sa folie, H.V Karajan pour son génie et sa profondeur et j’aime par-dessus tout de nos jours Riccardo Muti pour sa théâtralité musicale.

Les chefs et cheffes d'orchestre : Riccardo Muti et Carlos Kleiber
DĂ©bora Waldman et Glass Marcano (Finaliste La Maestra)

Pendant cette crise sanitaire, comment travaillez-vous ? Ce satané virus bloque d’une épouvantable manière nos différents métiers artistiques. Il impose le mutisme et rend la plupart de nos théâtres fantomatiques. En ce qui me concerne j’ai heureusement des représentations qui arrivent à l’opéra de Marseille (grâce notamment à l’abnégation de Maurice Xiberras) avec « les pêcheurs de perles » puis un enregistrement de B.0 pour un film au cinéma. Enfin viendra le festival de St-Céré où j’aurai le plaisir de diriger Cenerentola et Cavalleria Rusticana/Pagliacci.

Par ailleurs, je m’occupe de développer l’accès au chant aux Antilles par le biais de Carib’Opera et le ministère des Outre-mer. J’ai aussi un partenariat avec la Mannes-school et la juilliard school de N.Y pour y donner des masterclass sur le répertoire français. La transmission tient une place essentielle dans mon parcours. Comment ne pas restituer un peu ce qui m’a été donné aux jeunes artistes !

Quels sont vos répertoires favoris ? L’opéra car c’est l’art total et ce dernier me comble. En cela la période actuelle est une disette sans nom.

Pour ce qui est des compositeurs, je me lève avec Mozart et me couche avec lui. Il n’y a pas une journée sans qu’une mélodie instrumentale ou un aria ne viennent hanter mon esprit. Sa musique parle une langue qui me met en joie. Il est le remède à tous mes maux.


Quand vous n'êtes pas à la direction d'un orchestre, quels sont vos passe-temps ? Je suis un papa gâteux et je passe par conséquent beaucoup de temps avec mon bébé de presque un an. J’ai trouvé ici le seul, mais néanmoins merveilleux avantage des différents confinements. Habituellement, je suis souvent absent à cause de mes concerts. Cette année, ce temps s’est transformé en moments de partages avec mon bébé et ma femme.
Par ailleurs, je suis passionnée de cinéma et de voyage. Mais aujourd’hui, ce n’est plus d’actualité !

Peu de femmes sont cheffes d'orchestres, qu'en pensez-vous ? On ne peut que déplorer l’infime pourcentage de femmes à la direction d’orchestre : elles ne sont que 4% en France. Il reste un long chemin à accomplir pour atteindre la parité. La nomination de Débora Waldman à la direction de l’orchestre d’Avignon est un premier pas. Le succès de la première édition du concours “La Maestra” uniquement réservée aux femmes nous prouve qu’elles sont présentes mais trop invisibilisées aujourd’hui.  J’espère comme la créatrice de cette initiative Claire Gibaud que dans les années à venir, un tel concours n’aura plus à exister et que la parité sera atteinte.



Un bon souvenir lié à Clermont-Ferrand ou une anecdote ?
J’aime beaucoup l’opéra de Clermont-Ferrand et son directeur Pierre Thirion-Vallet. Ce dernier est un partenaire privilégié avec Opéra Éclaté et Olivier Desbordes depuis de nombreuses années. Mais attention à la chocolaterie de la rue piétonne. Il m’est arrivé une fois d’admirer trop longtemps les chocolats et d’être en retard à un raccord !


Si vous aviez une baguette "magique" qui exhausse tous les voeux, quel serait le vôtre ? Que la musique, sous toutes ses formes, et notamment le chant puisse être enseignée dès le plus jeune âge à l’école. Chanter c’est exulter et transmettre de merveilleuses émotions. Exulter c’est actuellement une denrée rare, alors chantons et exultons.

PAUSE CAFE avec Lila Forcade

Prenons un café en compagnie de Lila Forcade, la Directrice Générale de L'Orchestre national d'Auvergne. Nous évoquons les projets innovants de l'orchestre en temps de Covid, le label discographique ONA Live et les nouveautés attendues la saison prochaine (attention "Exclusivité !").

 

VOIR LA VIDEO : https://youtu.be/9igT_xUDMJs

L'ACTU CAO

NOUVEAUX LOCAUX

Nous venons d'emménager au Bon Pasteur en plein centre historique de Clermont-Ferrand, un nouveau havre de paix, dans un ensemble architectural chargé d'Histoire. Voici quelques images de ce chamboulement ; encore quelques cartons à ranger, un peu de décoration à parfaire et nous serons prêts à vous accueillir.


Gardons aussi le lien via nos réseaux sociaux :

Facebook Instagram

EVASIONS MUSICALES

CONCOURS MAESTRA : BEST OFF

(99 min)
Revivez le concours Maestra dont la première édition a eu lieu durant une semaine en septembre 2020, des cheffes originaires d’Asie, d’Amérique Latine et bien sûr d’Europe ont dirigé le Paris Mozart Orchestra devant un jury d’experts à la Philharmonie de Paris. Cette compétition cherche à donner plus de visibilité aux femmes cheffes d’orchestre et à faire bouger les lignes de la musique classique.
 

 

Des sélections à la finale, découvrez en images des moments choisis de cette compétition.
Arte propose également de nombreuses vidéos bonus de ce concours.


VOIR Arte Concert LA MAESTRA

LE COIN DES PETITS (ET DES PLUS GRANDS)

POUR PETITES ET GRANDES OREILLES !

Joseph SARDIN est passionné par les bruits et le son. Il réalise de très nombreux enregistrements, son site "La Sonothèque" en compte plus de 2 300.  Il te faudrait donc un jour et une nuit pour tout écouter ! 
As-tu de bonnes oreilles ? parviendras-tu à reconnaître sans hésitation l'âne qui brait ? ou à différencier le bruit de l'eau chaude à celui de l'eau froide ?
Choisis ton niveau de difficulté dans les quatre quizz proposés et Chut ! ... Ouvre grandes tes oreilles !

Lien pour jouer aux QUIZZ SONORES.

LE GESTE et LA VOIX

(3 min)
Découvre Bugs Bunny en chef d’orchestre, sacré lapin !

Bugs Rules - YouTube

(2.33 min)
Même les enfants peuvent chanter de l’opéra, la preuve avec Emanne Beasha, une américaine de 10 ans ! 

Emanne Beasha | America's Got Talent

HOMMAGE A JEAN-LOUIS JAM

Nous avons appris avec une grande tristesse le décès de Jean-Louis Jam. Musicologue et Chef d'orchestre, Professeur à l'Université de Clermont-Ferrand, Directeur de l'Orchestre universitaire de Clermont qu'il a fondé en 1965, Directeur du Service Université Culture de 1982 à 2015... Jean-Louis Jam aura marqué de nombreux mélomanes, étudiants, instrumentistes et artistes. Une figure emblématique, défenseur intransigeant de la culture et des arts, qui aura éveillé nos esprits durablement pour beaucoup d'entre nous.

Nos pensées vont bien sûr à sa famille et à tous ses proches.

 

Pierre Thirion-Vallet :
"Cher Jean-Louis, la vie a décidé de nous séparer pour que tu puisses tutoyer des génies comme Bach, Mozart ou Beethoven. Devrions-nous l'en blâmer ? Toi qui mettais cette musique au coeur de ton existence, tu dois être heureux alors que la peine ici nous envahit. Homme de convictions, apte à déplacer des montagnes, tu sais bien que nous regretterons ton sourire, ta droiture et ton énergie sans parler de ton savoir. Je me souviendrai longtemps de cette production de Don Giovanni à la Maison de la Culture qui m'avait démontré qu'ici on pouvait "fabriquer" de l'opéra. Je ne soupçonnais pas alors le parcours qui allait être le mien et que tu as toujours suivi et soutenu avec bienveillance. Merci l'artiste d'avoir tracé sans faiblir un chemin que nous sommes fiers désormais d'emprunter".


A lire aussi : l'hommage rendu par le Service Université Culture (SUC).

 

RENDEZ-VOUS DANS 15 JOURS !

Entracte, ce fil qui nous relie à vous, désormais bimensuel, vous donne rendez-vous pour la prochaine gazette, le vendredi 19 mars  !

N'hésitez pas à vous abonner si c'est pas déjà fait, ou à faire abonner vos amis, c'est très simple il suffit de communiquer un mail pour les recevoir (à contact@clermont-auvergne-opera.com).

Vous avez raté un précédent numéro ? Tous les numéros d'Entracte restent disponibles sur notre site : https://clermont-auvergne-opera.com/actualite/entracte/

Facebook Youtube Instagram

FORWARD
MailerLite