#23 - 3 avril 2020

Déconfinement : un test grandeur nature pour la smart city ?

Alors que la moitié de l’humanité vit désormais en confinement et que l’économie mondiale connaît un arrêt aussi brutal que massif, politiques et scientifiques s’interrogent sur les voies possibles de sortie de ce régime d’exception. Le débat sur le déconfinement ne fait que s’esquisser mais il semble désormais clair que le retour à un fonctionnement normal de nos sociétés ne pourra se faire que progressivement et de manière non linéaire en l’absence de traitement ou de vaccin et au vu du risque de deuxième vague de contamination. Quelle que soit la stratégie choisie, les expériences asiatiques (Corée, Singapour, Chine) suggèrent que le déconfinement, même partiel, se structurera autour d’un triptyque indissociable test/données/distance. Politiques, juridiques, culturels voire philosophiques, les enjeux d’une telle stratégie sont majeurs dans les États démocratiques. La dimension numérique du déconfinement suscite notamment une immense défiance. C’est ce que révèle un sondage sur le partage des données réalisé par Oliver Wyman Forum aux États-Unis, en Allemagne, en Espagne, au Royaume-Uni, en Australie et à Singapour, entre le 21 et le 27 mars. Comment créer la confiance pour que nos villes redeviennent elles-mêmes, c’est-à-dire des commutateurs d’échelles territoriales multiples et des lieux de flux ? Seule une coalition inédite d’acteurs permettra de construire un système de gouvernance des données régissant leur partage. C’est largement au niveau territorial et urbain que cette configuration est à inventer : l’ensemble des acteurs de la smart city ont un rôle à y jouer. En effet, tant le principe de proportionnalité que celui de finalité de la collecte des données appellent la mise en place de systèmes très territorialisés, à l’échelle, par exemple, du bassin de vie ou d’emploi. On cherchait la smart city du bien public : peut-être le COVID-19 peut-il fournir l’occasion de la mettre en œuvre. – Cécile Maisonneuve, présidente

→ Retrouvez notre projet d’étude en cours sur les smart cities.

 

Pas le temps de lire ? L’équipe de La Fabrique de la Cité s’occupe de vous.

CORONA(VIRUS) ET CLIMAT NE RIMENT PAS – À contre-courant des nombreux discours voyant dans la pandémie et le confinement une aubaine pour le climat, le géographe François Gemenne énonce avec force que « cette crise sera une catastrophe pour le climat ». Selon lui, le rattrapage post-crise, visant à relancer l’économie, pourrait sonner le glas des timides mesures de long terme engagées pour lutter contre le changement climatique. En outre, la pandémie aura une fin, quand le changement climatique, contre lequel il n’existe « pas de vaccin », est lui irréversible. Seul parallèle possible entre les deux crises : la nécessaire capacité d’alerte et de mobilisation au long terme, au-delà de l’urgence et en dépit de la latence. Chloë Voisin-Bormuth, directrice des études et de la recherche

→ Et sur le même sujet : le replay de la conférence « 30 minutes pour comprendre » de Chloë Voisin-Bormuth sur la résilience au défi de la crise sanitaire.

 

UN AVENIR INCERTAIN – Comment le marché de l’immobilier résidentiel évoluera-t-il en France dans les prochains mois ? Si elle devrait demeurer limitée dans les grandes métropoles, la diminution des prix pourrait s’avérer très marquée dans les territoires à l’attractivité moindre ; la crise pourrait alors « renforcer les distorsions d’un marché immobilier déjà à deux vitesses », selon Les Échos. Marie Baléo, responsable des publications et des études

Et sur le même sujet : nos travaux sur le logement abordable et sur territoires et métropolisation.

 

AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD ? – L’épidémie liée au coronavirus surcharge les hôpitaux les plus modernes et déstabilise les économies les mieux portantes. Quelles stratégies les pays plus pauvres, moins dotés en infrastructures sanitaires et à la structure sociale plus fragile, mais encore relativement peu touchés par l’épidémie, adoptent-ils ? Le Nigeria, le Pérou, le Kenya et le Salvador ont pris des mesures drastiques combinant restrictions de rassemblement et tests avec une remarquable rapidité et font le même constat : ils ne pourront faire face si la stratégie d’endiguement échoue. La question de la solidarité internationale se pose donc plus que jamais. Chloë Voisin-Bormuth

 

(QUAND ?) COMMENT ? – Une récente analyse du think tank américain The Brookings Institution souligne que l’enjeu de la reprise post-crise n’est pas seulement de savoir quand redémarrer l’activité mais surtout comment la relancer. Aux États-Unis, les métropoles sont parmi les territoires les plus affectés par l’épidémie. Les 50 foyers épidémiques les plus importants représentent, à eux seuls, un tiers des emplois et plus du tiers du PIB américain. Camille Combe, chargé de mission

 

DESCENDRE DANS LA RUE – Alors que la circulation automobile y a fortement diminué depuis le début de l’épidémie de COVID-19, New York et Philadelphie ont rendu certaines routes piétonnes afin de les transformer en « espaces publics temporaires » et faciliter ainsi l’application des mesures de distanciation sociale. Une façon de pallier les inégalités d’accès aux espaces les plus propices à cette distanciation, comme les parcs. – Sarah Cosatto, chargée d’études

→ Et sur le même sujet : retrouvez le deuxième épisode de notre nouvelle série « Derrière les mots », qui explore comment, « dans des villes devenues fantomatiques, l’épidémie a fait une victime de taille : la congestion urbaine ».

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