L’Observatoire a été informé des actes
d’intimidation, de surveillance et de filature dont a été victime la
défenseure des droits humains de nationalité espagnole, Núria Bota,
membre de l’association « Una finestra al mon » (Une fenêtre sur le
monde), basée à Tarragone, en Espagne. Le travail de cette association
vise à dénoncer en Espagne les violations des droits du peuple Sahraoui,
qui vit à la fois dans des camps de réfugiés en Algérie et sous
l’occupation marocaine au Sahara Occidental. Elle œuvre également en
faveur du droit à l’éducation dans les camps de réfugiés susmentionnés,
en y construisant, notamment, des bibliothèques.
Le 19 février 2023, Nuria Bota a été
contrainte d’abandonner le Maroc, après avoir été intimidée, surveillée
et suivie pendant plusieurs jours par la police marocaine. Six jours
plus tôt, le 13 février 2023, Mme Bota, qui se trouvait en Mauritanie
pour des raisons personnelles, a traversé la frontière entre la
Mauritanie et les territoires occupés du Sahara occidental via le poste
frontière de Guerguerat, afin de rencontrer des défenseur·es des droits
humains sahraouis à Laâyoune. Le même jour, elle s’est rendue dans la
ville de Dakhla, où elle est restée trois jours sous strict contrôle
policier, 24 heures sur 24. Un groupe d’environ sept agents de la police
marocaine en civil l’ont suivie et ont pris des photos de Mme Bota au
cours de son séjour à Dakhla, y compris à travers les fenêtres de
l’endroit où elle était logée.
Le 16 février 2023, Mme Bota a pris
un taxi pour Laâyoune. Avant d'arriver dans la ville, les forces de
sécurité marocaines ont arrêté le véhicule dans lequel elle se trouvait
lors d'un contrôle de police, l'ont forcée à sortir de la voiture et
l'ont enfermée dans une pièce pendant une quinzaine de minutes. Là, dix
policiers marocains en civil ont indiqué de manière agressive à Mme Bota
qu'elle ne pouvait pas rester sur le territoire marocain et qu'elle
serait expulsée du pays. Les policiers n'ont pas présenté d’ordre
d’expulsion à Mme Bota. Les agents lui ont ensuite annoncé qu'elle
serait emmenée en taxi, sous escorte policière, jusqu'à la ville
d'Agadir, au Maroc, où elle devrait prendre un avion pour l'Espagne,
bien que son passeport lui permette de rester légalement au Maroc. Après
neuf heures de voyage, à son arrivée à l'aéroport au matin du 17
février, Mme. Bota a été fouillée et ses bagages ont fait l'objet d'une
fouille minutieuse par la police marocaine, avant qu'elle n'embarque sur
un vol à destination de Gran Canaria, en Espagne, le 19 février, après
deux jours de surveillance policière et de filature à Agadir.
L'Observatoire condamne les actes
d'intimidation, de filature et de surveillance dont Nuria Bota a été
victime, ainsi que les pressions visant à l'expulser illégalement du
Maroc et à empêcher sa présence dans les territoires occupés du Sahara
occidental. L'Observatoire appelle les autorités marocaines à mettre fin
à tout type de harcèlement et d’attaque à l’encontre de celles et ceux
qui défendent les droits humains du peuple Sahraoui, qu'ils soient
étrangers ou originaires des territoires occupés du Sahara occidental,
et à garantir leur intégrité physique et leur bien-être psychologique.
L'Observatoire appelle la mission
diplomatique espagnole au Maroc à condamner publiquement et en privé,
dans le cadre de ses relations bilatérales avec les autorités
marocaines, le harcèlement et l'expulsion illégale de Núria Bota, ainsi
qu'à prendre les mesures nécessaires pour garantir la sécurité et
l'intégrité physique et psychologique des défenseur·es des droits
humains de nationalité espagnole au Maroc et dans les territoires
occupés du Sahara occidental.
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