Une enquête vidéo dénonce le gazage des cochons en France. Quid de la Suisse?

La longue et douloureuse asphyxie des cochons gazés

L'association française L214 a rendu publiques jeudi les images extrêmement choquantes du gazage des cochons dans un abattoir français. Qu'en est-il en Suisse?

Tournées par une caméra placée à l’intérieur même d’une des nacelles de gazage, les images diffusées par l'association française L214 montrent une méthode d’étourdissement systématiquement longue et douloureuse pour les cochons: réactions de fuite, hurlements, convulsions, détresse respiratoire…

Le problème de l’étourdissement des cochons au CO2 est pourtant bien identifié. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), au sein de laquelle la Suisse occupe une fonction d'observateur assumée par des représentant-e-s de la Confédération, qualifie depuis 2004 cette méthode d’"aversive", "douloureuse" et "non instantanée" et souligne son inadéquation avec les principes du bien-être animal.

Cette méthode est parfaitement légale et courante en Suisse.

L'ordonnance de l'OSAV sur la protection des animaux lors de leur abattage prévoit que "la perte de conscience et l'insensibilité doivent intervenir immédiatement après l'utilisation d'un procédé mécanique ou dans la première seconde en cas d'étourdissement électrique." Lors de l'étourdissement au dioxyde de carbone, auquel l'annexe 4 est consacrée, cette même ordonnance stipule que "la concentration de CO2 nécessaire à l'étourdissement des porcs doit être atteinte dans les 15 secondes après sa diffusion dans l'air" et "doit se maintenir pendant 100 secondes au moins": une agonie loin d'être immédiate, la perte de conscience intervenant en moyenne dans les 30 secondes après le début de l’exposition au gaz.

Un étourdissement insuffisant ou des reprises de conscience sont communs. Le cas est d'ailleurs prévu par l'OSAV: "lorsque l'étourdissement au dioxyde de carbone est insuffisant, les porcs doivent être étourdis au moyen d'un pistolet à tige perforante": un second stress intense après le supplice d'un étourdissement inopérant.

Dès lors, la question se pose: des situations similaires à celles révélées par les images de L214 se déroulent-elles derrière les portes closes des abattoirs suisses? Fabien Truffer, porte-parole de l’association suisse romande PEA - Pour l'Égalité Animale répond: "En Suisse comme en France, les abattoirs sont des boîtes noires auxquelles les citoyen-ne-s n'ont pas accès. L'étourdissement des porcs au dioxyde de carbone étant parfaitement légal, on peut présumer que les cochons suisses subissent le même calvaire que celui filmé par L214. Quoi qu'il en soit, on ne peut pas tuer sans souffrance des êtres sensibles qui veulent vivre. Notre société doit cesser de considérer les animaux comme des ressources alimentaires, de les exploiter et de les tuer. C'est une question morale majeure."

PEA - Pour l'Égalité Animale