#46 - 18 septembre 2020

Comment relancer les mobilités ?

La reprise de la mobilité en ville n’est plus un sujet. Finies les villes fantomatiques du confinement, place à la reprise des activités et des déplacements. Dans de nombreux pays, on assiste à une individualisation de la mobilité, qui a plusieurs conséquences majeures. Osons poser une question : l’individualisation des déplacements à laquelle nous assistons est-elle compatible avec les enjeux de décarbonation des mobilités ? Rien n’est moins sûr.

Tout d’abord nous assistons, avec la crise épidémique, à une augmentation du nombre de kilomètres parcourus en voiture par rapport à une période « normale ». En France, par exemple, le nombre de kilomètres parcourus n’est pas seulement revenu à la normale : il l’a dépassé. Ensuite, cette forte reprise des transports individuels (vélo, micromobilités, automobile, etc.) s’est principalement faite au détriment des transports collectifs, jugés plus risqués, alors même que des données tendent à montrer que les transports en commun sont moins vecteurs de contamination qu’il n’y paraîtrait, notamment grâce à la généralisation du port du masque dans les transports. La preuve en est qu’aucun cluster n’a été identifié dans les transports collectifs dans des pays comme la France ou l’Espagne. Pourtant, le mal est fait : alors que dans de nombreuses villes, l’offre de transport en commun a retrouvé son niveau normal, la fréquentation, elle, peine à atteindre les niveaux pré-confinement, sauf dans les cas notables de Lyon et Saint-Pétersbourg, selon un indice calculé par CityMapper. Cette situation fait peser un risque sans précédent sur les finances des opérateurs de transports et la continuité de services de transports collectifs, véritable colonne vertébrale des déplacements urbains. Aux États-Unis, l’American Public Transportation Association indiquait que près de 60% des autorités organisatrices de mobilités envisagent de réduire l’offre de transport, tandis qu’un tiers des opérateurs devront potentiellement mettre la clé sous la porte.

Comment s’assurer que la relance, qui sera nécessairement complexe et multiforme, soit compatible avec les enjeux des villes en matière de mobilité ? Sortons des simplismes : il ne suffira pas de développer de nouvelles solutions. Celles-ci existent déjà. Il conviendra plutôt de créer les conditions qui permettront aux transports collectifs ou au covoiturage de devenir plus compétitifs que des modes individuels et motorisés. De telles réflexions sont d’ores et déjà abordées par les villes. L’agence responsable des transports du comté de San Francisco a ainsi lancé une étude visant à évaluer l’intérêt de la mise en place d’un péage urbain pour améliorer le futur des mobilités de la ville. Cet exemple donne à voir un enjeu central de cette relance : l’impossibilité de faire l’impasse sur la durabilité économique des mobilités, notamment des transports collectifs. En cela, on pourrait juger anachroniques les stratégies visant à rendre les transports collectifs gratuits. Disons-le autrement : « la relance des mobilités sera durable ou ne sera pas ». – Camille Combe, chargé de mission

 

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EXEMPLAIRES - En 2015, l’Allemagne accueillait près de 890 000 demandeurs d’asile. Par la suite, ses villes se sont illustrées par leur ingéniosité et leur détermination à fournir du logement temporaire et abordable de qualité aux nouveaux arrivants. Cette semaine, Länder et villes allemandes se sont à nouveau portés volontaires pour accueillir des migrants à la suite de l’incendie qui a ravagé le camp de Moria, en Grèce.

Et sur le même sujet : notre rapport analysant les clés de la réussite des villes allemandes en matière d’accueil des demandeurs d’asile.


MESSAGES CONTRADICTOIRES – Une enquête auprès des chefs d’entreprise britanniques montre des signes de réorganisation durable des méthodes de travail qui pourraient s’accompagner de transformations urbaines conséquentes si un « exode durable des bureaux » venait à se produire. Si PwC et Legal & General ont annoncé maintenir le recours au télétravail partiel voire complet, toutes les entreprises ne suivent pas cette tendance : la semaine dernière, la banque JP Morgan a rappelé ses salariés après des signes de baisse de productivité. – Romain Morin, assistant de recherche

→ Et sur le même sujet : notre projet « À travers les villes en crise », sur les impacts de la crise du Covid-19 sur les villes.


NOUVELLE TARIFICATION
– Fini de payer la recharge en fonction du temps d’immobilisation du véhicule. Désormais, dans les 23 États américains permettant une tarification au kWh consommé, le coût de la recharge d’un véhicule électrique sera de 43 cts/kWh (31 cts/kWh pour les abonnés au service) sur l’ensemble du réseau Electrify America, alors même que le coût du du kWh domestique peut, lui, varier du simple au double d’un État à l’autre. – Camille Combe, chargé de mission.

à Et sur le même sujet : consultez notre rapport sur le financement de la mobilité dans un monde post-carbone, dans lequel nous explorons des modèles de tarification de la circulation des véhicules électriques.


GLASGOW ZÉRO CARBONE
– Le 8 octobre prochain à 16h00 (GMT+8:00), le Centre for Liveable Cities de Singapour donnera la parole à Susan Aitken, élue municipale à Glasgow, et à l’urbaniste Greg Clark au sujet des stratégies de Glasgow pour décarboner à la fois ses infrastructures et son économie. Le but de la ville ? Devenir la première ville britannique à atteindre la neutralité carbone, en 2045. – Sarah Cosatto, chargée d’études

→ Et sur le même sujet : notre projet d’étude sur la ville post-carbone, qui donnera lieu cet automne à la publication d’un rapport. Stay tuned !

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