Bonjour à tous,
on ne taille plus des silex, mais on fait encore quelques gestes manuels!
Ecouter le podcast :
http://j.mp/2QutQ19
A bientôt,
Laetitia
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1748 — mercredi 8 janvier 2020 — Le cube de la nuit des temps Ce matin, je pensais pouvoir dormir tranquillement comme un prolongement bien mérité des vacances. Après tout, je me suis occupée des filles, de cuisiner des plats de fête, de faire des courses, pendant deux semaines. Pietro devait être en vacances la semaine du jour de l’an, mais avec les grèves et les tensions dans les raffineries, il a dû retourner au travail.
En ce moment, je suis en train de lire, le premier tome tiré de l’émission de Jean-Claude Ameisen « Sur les épaules de Darwin ». Je m’endors donc avec des histoires de marées d’ondes électriques dans notre cerveau, de geais capables de retenir 6000 caches de nourritures, de troupeaux d’éléphants menés depuis la nuit des temps par des matriarches, de fleurs de Sibérie qui se réveillent après un sommeil de milliers d’années. Et je me réveille dans la continuité de ces histoires.
Mais ce matin. — Maman, j’ai oublié de coller mon cube pour l’art plastique ! Tu peux m’aider ! Je dois partir dans six minutes. C’était la voix de Micaela. Quoi, le cube qu’elle a terminé depuis la nuit des temps, qui traîne à plat sur son bureau depuis des milliers d’années ? Je me lève. Micaela cherche activement de quoi coller son cube dans le buffet. — Colle ou double-face ? me demande-t-elle. — Double-face, ai-je répondu avec l’assurance d’un chirurgien. — Tu pourrais plier les rebords ? s’il te plaît, me demande-t-elle nerveusement. Je ne vais pas y arriver. J’attrape alors la paire de ciseaux, la règle et je fais des rainures avec la lame d’un ciseau. Les rainures permettent au cube d’être monté et collé en un tour de main. La porte claque. Micaela est partie. Je regarde la paire de ciseaux.
J’ai fait des rainures. J’entends alors la voix si particulière de Jean-Claude Ameisen dans ma tête. Un geste, dit Laetitia. Un geste que m’a appris mon père. Et c’est ainsi que le geste de la main, le travail de la lame du ciseau, la lame glissant sur le trait tracé à la règle, se transmet à travers le temps, se transmet de génération en génération. Un geste, continue Laetitia, que, j’en suis sûre, Micaela a inscrit dans son cerveau et qu’elle transmettra aux générations futures qui pourront à leur tour, elles aussi, coller un cube en papier en moins de six minutes.
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