#57 - 4 décembre 2020

Grands projets et démocratie : un guide pour l’action

Entre appels à la décroissance, dénonciation des « grands projets inutiles et imposés » et injonctions à la démobilité, les projets d’infrastructure et d’aménagement urbain sont aujourd’hui plus contestés que jamais. Qu’elle soit le fruit d’un rejet de la mondialisation ou d’une inquiétude sincère pour le sort du Grand Hamster d’Alsace, qu’elle se manifeste par le credo du « Zéro artificialisation nette » ou par le cri du cœur des « NIMBY », cette contestation prend aujourd’hui une ampleur telle qu’il est permis de se demander si les grands projets sont condamnés.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Cette conflictualité est avant tout le reflet d’une crise de la démocratie représentative, aujourd’hui menacée de toutes parts. Affaiblie par une défiance croissante vis-à-vis de la décision politique, des institutions et de l’expertise, notre démocratie souffre également de la polarisation de nos sociétés et de la radicalisation du débat public, que promeuvent Internet et ses bulles informationnelles.

La conflictualité qui entoure aujourd’hui les grands projets en viendrait presque à nous faire oublier qu’ils furent toujours l’un des instruments du progrès et qu’ils le demeureront assurément. Car comment répondre à la transition démographique et à la métropolisation, comment relever les défis de la transition numérique et de la lutte contre le changement climatique sans concevoir et construire, pour les générations futures, de nouvelles infrastructures, de nouveaux projets d’aménagement ?

Le constat est donc clair : l’avenir est, encore et toujours, aux grands projets. Pour autant, tant que nous ne parviendrons pas à refonder notre approche des grands projets, à repenser leur utilité économique et sociale, les blocages subsisteront. Comment procéder ? Comment redonner un sens collectif à nos projets, qu’il s’agisse de grands projets urbains ou, plus fondamentalement, d’un projet de société ?

Pour répondre à cette question, La Fabrique de la Cité a réuni une trentaine d’acteurs de la ville : philosophes, élus, praticiens des grands projets, défenseurs de l’environnement, penseurs de la ville de demain… Des réflexions de ce groupe de travail et des témoignages des experts qu’il a auditionnés pendant près de deux ans est né l’abécédaire « Grands projets et démocratie : un guide de l’action », objet au format singulier, seul capable de rendre justice à la richesse et à la multiplicité des sujets que convoque la question des grands projets et de la démocratie.

Pas de solution miracle dans ces pages, bien sûr, mais des pistes prometteuses et des points de vue riches, complexes, parfois contradictoires, reflets des convictions fortes de nos experts et de notre groupe de travail, ainsi que de leur attachement à la sauvegarde de la démocratie, notre bien le plus précieux. – Marie Baléo, responsable des études et des publications

→ Découvrez notre abécédaire « Grands projets et démocratie : un guide pour l’action », préfacé par le philosophe Olivier Mongin.

 

Pas le temps de lire ? L’équipe de La Fabrique de la Cité s’occupe de vous.

RETOUR AU BUREAU ? Seuls 25% des employés américains seraient de retour au bureau, un pourcentage qui pèse sur la vie économique des grandes villes des États-Unis. Toutefois, les villes n’ont pas toutes été également affectées : les personnes employées dans la région de Dallas et Fort Worth sont revenues sur leur lieu de travail à hauteur de 40,3% quand celles de la région de San Francisco ne le sont qu’à 13,4%, l’écosystème de la tech favorisant le télétravail. – Sarah Cosatto, chargée d’études


ACCESSIBILITÉ – Lors de l’évaluation d’un projet de transport, l’indicateur des gains de temps est systématiquement mis en avant. Pourtant, cette approche occulte les effets négatifs potentiels d’un projet de transport. Une approche par l’accessibilité, à l’inverse, permet de se concentrer sur les besoins de l’ensemble de la société plutôt que sur ceux des seuls usagers et de prendre en compte toutes les externalités d’un projet de transport, qu’elles soient positives ou négatives. – Camille Combe, chargé de mission


VILLES ABORDABLES
– Face aux conséquences de la crise sanitaire sur les flux touristiques, les autorités municipales de Lisbonne ont lancé un programme visant à transformer 20 000 appartements dédiés aux touristes en logements abordables : les propriétaires loueraient ainsi leurs biens à la Ville pour un minimum de cinq ans. D’autres villes comme Vancouver ou Venise ne sont pas en reste et mettent elles aussi en œuvre des programmes de création de logements abordables. – Sarah Cosatto

→ Et sur le même sujet : notre rapport « À la recherche du logement abordable : un défi européen », fruit d’entretiens menés avec une trentaine d’experts à Paris, Bordeaux, Londres, Stockholm, Berlin, Munich et Varsovie.


VISITER SANS SE DÉPLACER – Que sont la France et ses paysages aujourd’hui ? Depuis 2017, Éric Tabuchi et Nelly Monier ont réuni dans un Atlas des régions naturelles 25 000 clichés de la France ordinaire, quotidienne, loin de la monumentalité des cartes postales. Nous donnent-ils à voir un « archétype de laideur » ? Adoptant une perspective géographique en partant des régions naturelles, ils montrent que le paysage est une empreinte façonnée par une société et une culture et nous tendent ainsi un miroir. – Chloë Voisin-Bormuth, directrice des études et de la recherche

Et sur le même sujet : notre projet d’études sur les villes moyennes et leurs trajectoires, en France et en Europe.


INÉGALITÉS CLIMATIQUES
– La revue Environmental Research Letters a récemment publié une étude assortie d’une carte interactive évaluant les zones qui seront submergées par la montée du niveau de la mer. Le nombre de logements abordables vulnérables à ce risque aux États-Unis pourrait tripler d’ici 2050. Ses auteurs ont choisi de concentrer sur ces logements dont les résidents disposent de moins de ressources financières et de poids politique et qui se situent dans des bâtiments souvent plus vieux et moins résistants. – Sarah Cosatto

→ Et sur le même sujet : notre projet d’étude sur la résilience urbaine.

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