L'édito de Robin
Vendredi dernier, un sourire satisfait a dû se dessiner sur les lèvres de Jerome Powell, le tout puissant patron de la Fed. Le PIB américain a augmenté à un taux annualisé de 3,3% au quatrième trimestre 2023, là où Wall Street espérait un gain de 2%. La performance américaine est la meilleure parmi les pays développés depuis la fin de la pandémie du Covid. Le rythme soutenu des dépenses de consommation a contribué à cette expansion. La consommation est 17% au-dessus de la tendance de long-terme depuis 2009. Il faut dire que les salaires progressent de 4% sur un an glissant et qu’en 2023 les marchés boursiers américains se sont appréciés de 8.000 milliards de dollars et le résidentiel de 2.000 milliards. De quoi booster l’effet richesse perçu par les ménages. Ajoutez à cela, 9% de déficit public, quasiment le même niveau qu’en 2009, au pire de la grande crise financière, de quoi faire passer la France et ses 5%, pire élève de la zone euro, pour une fourmi. Et les taux directeurs n’ont même pas encore baissé. Même si les économistes préviennent que les conditions macro-économiques peuvent changer vite, et que cette semaine sera décisive avec huit grandes publications, si nous étions un investisseurs institutionnel, nous nous risquerions à dire qu’il vaut mieux acheter des centres commerciaux ou des entrepôts américains (voir notre focus n°1) que de s’acharner sur la vieille Europe accrochée à son épargne et ses règles d’or. Pour les plus joueurs, remplacez américains par polonais ou indien pour faire écho à de précédentes analyses livrées ici.
Concernant le malthusianisme de l’Europe, envie de partager ici un petit coup de gueule. Cela fait dix ans que l’Etat présente les collectivités territoriales comme des affreux gestionnaires, en brandissant leur naïveté dans le recours aux emprunts toxiques comme ceux de Dexia, et les prive de ressources propres, en substituant à la taxe d’habitation une allocation de TVA. Ces collectivités ont tellement intégré ce discours qu’elles se désendettent à vitesse accélérée, leur capacité de désendettement a fondu à 5,4 à 4,4 années entre 2015 et 2022. On hurle à l’effondrement des DMTO alors que ceux-ci sont au niveau de 2019 et 2020. Cet état d’esprit défaitiste percole évidemment sur la volonté de faire évoluer son tissu urbain et de faire grandir sa ville. D’ailleurs, le Zéro Artificialisation Nette a été pensé comme une réponse à des élus coupables de la bétonisation. Et, est réapparue, dans les solutions de Bercy pour sortir de la crise du logement, l’antienne de donner le pouvoir d’urbanisme au préfet. Il est sympathique de déposer, au Palais Bourbon, des propositions de loi visant à faciliter la transformation des bureaux en logements. Mais si, sur le terrain, les élus locaux n’ont aucune incitation pour transformer un immeuble qui rapporte de la taxe sur les bureaux en un immeuble de logement avec tous les services publics locaux à fournir aux nouveaux habitants, tout cela va gentiment rester dans les cartons. Pas d’idolâtrie américaine mais la transformation de bureaux en logements, qui bat son plein sous l’initiative du secteur privé, pourrait représenter jusqu'à 11% de la production de logements collectifs en 2024.
Puisqu’on parle de le ZAN, je vous laisse sur un chiffre. En 2021, les ventes de terres agricoles à des fins d'urbanisation représentaient 5,9 milliards à comparer aux 9 milliards que reçoivent les agriculteurs français au titre de la PAC. Ce n'était plus que 4,1 milliards en 2022 et on peut imaginer que 2023 et 2024 seront encore beaucoup plus bas à cause du Zéro Artificialisation Nette. Un beau catalyseur de la crise agricole. A retrouver également dans cette newsletter, une analyse sur l'arrivée massive de retraités locataires aux Etats-Unis (focus 2). Dans la rubrique “vous l’avez lu ici”, nous faisions la semaine dernière un focus sur la crise immobilière chinoise. Un juge hong-kongais a décidé qu’il était temps de prononcer l’oraison funèbre de la filiale locale d’Evergrande.
Enfin, ne manquez pas, juste en-dessous, une invitation de notre partenaire Xperience Immo pour un webinar de présentation d'un super outil de pilotage des opérations immobilières. Encore une fois, un software habilement créé chez un promoteur qui est maintenant mis sur le marché !
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