#67 - 12 février 2021

Projet d'infrastructure cherche projet d'aménagement

« EuropaCity, c’est fini… », place à la ZAD du Triangle de Gonesse ? Alors que le projet très contesté de méga-complexe commercial et de loisirs a été abandonné dès novembre 2019 et que l’aménagement du Triangle de Gonesse n’est pas encore tranché, des militants y ont installé, le week-end passé, une « zone à défendre » (ZAD) pour empêcher la construction des voies de métro de la ligne 17 du Grand Paris Express prévue au printemps 2021.

Cette nouvelle ZAD met en lumière trois problématiques différentes : la première, d’ordre général, est que la ZAD tend à ne plus être un mode d'expression d'opposition exceptionnel ; la deuxième, directement liée au territoire, est la réelle difficulté d’avoir une vision claire pour ces 280 hectares au cœur d’une zone stratégique disputée par différents acteurs dont les projets semblent irréconciliables. D’un côté, un projet de préservation des terres agricoles réputées pour leur qualité agronomique avec le développement d’activités horticoles et maraîchères est défendu par l’association CARMA, soutenue par le Collectif pour le Triangle de Gonesse ; de l’autre, un projet de développement économique et de désenclavement d’un territoire marqué par un fort taux de chômage et un déficit d’investissements est porté par des élus locaux et la Région Île-de-France avec une ZAC de 110 hectares à la programmation mixte, entre projets industriels, agriculture urbaine et équipements publics, et une gare de la future ligne 17 du métro.

La troisième problématique est celle que soulève l’infrastructure de transport elle-même. Les militants de la ZAD, en s’opposant à la construction des voies, s’opposent à un projet dont l’impact sur le territoire qu’ils défendent n’est pas clair. En effet, le projet de gare, dont l’ouverture est repoussée à 2027, reste à déterminer en fonction du projet décidé sur le Triangle de Gonesse. Pourtant, leur argument est que faire passer des voies à cet endroit donnera fatalement lieu à l'urbanisation des terres agricoles. D’autres acteurs mettent également en question le projet de gare, à l’instar de la Fédération nationale des usagers de transports (Fnaut). "Il y a un vrai risque d'avoir une gare au milieu de rien, dans un champ", explique ainsi Marc Pélissier, président de la Fnaut Ile-de-France dans un courrier envoyé au Premier ministre, Jean Castex. La question mérite d’être posée : l’abandon d’un des (grands) projets d'aménagement qu’elle dessert et l’absence d’un projet alternatif remettent-ils en question la pertinence de toute une ligne ? En réalité, ce qui est ainsi incidemment révélé à travers ces contestations de nature très différentes, c’est le lien entre projet d’infrastructure et projet d’aménagement et leur nécessaire articulation. – Sarah Cosatto, chargée d’études, et Chloë Voisin-Bormuth, directrice des études et de la recherche

→ Retrouvez l’intégralité de notre abécédaire consacré aux conditions du débat et de la mise en œuvre de grands projets d’aménagement et d’infrastructures sur notre site, ainsi que l’entrée dédiée aux « zones à défendre » (pp. 138-140).

 

Pas le temps de lire ? L’équipe de La Fabrique de la Cité s’occupe de vous.

GUIDÉS COMME À IKEA – Afin de trouver des espaces adaptés au défi logistique que constitue la vaccination de masse,  une des stratégies adoptées consiste à transformer aéroports désaffectés, centres commerciaux, parkings et stades désertés pour rendre le parcours du patient aussi efficace et simple que celui du consommateur à IKEA explique Albrecht Broemme qui supervise les six centres de vaccination de Berlin. – Chloë Voisin-Bormuth

→ Et sur le même sujet : retrouvez notre rapport « Des villes productrices de santé ? » sur notre site.


EMBRASSER LA COMPLEXITÉ Le plan de relance du maire de New York, Bill de Blasio, mise sur la création d’espaces publics et verts dans les quartiers qui ont été les plus touchés par la pandémie – qui s’avèrent être aussi des quartiers défavorisés. Pour réduire les disparités socio-spatiales, une approche intégrée, qui prend également la question des mobilités en compte, est essentielle car les inégalités en ville représentent « un enjeu de plus en plus complexe, avec une multitude de facteurs en jeu ». – Sarah Cosatto


SC
ÉNARIOS – Los Angeles souhaite en finir avec l’image d’une ville dessinée pour et par l’automobile. Pour réduire les embouteillages aux heures de pointe, Metro, l’autorité en charge des transports dans la région angelena, étudie 4 options pour un péage urbain dont la mise en place se ferait en 2025. – Camille Combe, chargé de mission

→ Et sur le même sujet : retrouvez la fiche de présentation des péages urbains publiée dans notre rapport « Financer la mobilité dans un monde post-carbone ».


GÉRER LES URGENCES
– Le réseau Metropolis, l’organisation Cités et Gouvernements Locaux Unis et le groupe de recherche LSE Cities ont réalisé à partir de mi-2020 une analyse sur l’impact de la crise sanitaire sur les villes, de façon à identifier des pistes d’amélioration dans la gestion des futures urgences. Ce travail a conclu que l’innovation en termes de financement sera capitale pour les villes, notamment pour assurer des investissements de long terme dans les infrastructures et services urbains. – Sarah Cosatto


RÉINVENTER PARIS, UNE TROISIÈME FOIS La Ville de Paris vient de lancer la troisième édition de Réinventer Paris, qui sera entièrement consacrée à la conversion de bureaux en logements, une politique conduite depuis 2001 dans la capitale. L’innovation réside dans la méthode utilisée et qui impliquera les propriétaires, les acheteurs et la Ville. Si innovante soit la réversibilité d’un bureau en logement, les acteurs impliqués dans le projet soulignent les « difficultés techniques » persistantes liées à une telle conversion. – Sarah Cosatto

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