Je ne sais jamais quoi faire pour la fête de la francophonie.
Je trouve ça génial de parler des nombreux pays où l'on parle français, de créer des liens, des ponts entre les cultures francophones... mais ça me met face à plein de paradoxes que j'aimerais aborder avec toi aujourd'hui.
Quel français on enseigne en FLE ?
Dans les manuels et dans notre pratique de prof de nationalité française, on continue, le plus souvent, à enseigner le français de France, la prononciation à la française, la culture française. Cocorico.
On parle de la francophonie et de la diversité des cultures au mois de mars et ponctuellement en cours d'année comme un agrément sympathique au cours.
Hors aujourd'hui, le français est bien plus parlé hors de France qu'en France.
Pourtant, on reste sur ce paradigme de départ que le français de référence c'est celui de Paris. Que tout le reste est folklorique.
Un peu comme la Saint-Valentin qui n'a pas de sens si on ne se montre pas qu'on s'aime le reste du temps, la Francophonie devrait être au cœur de notre enseignement et même de notre formation de FLE. Elle devrait être présente dans notre pratique quotidienne.
Pourquoi parle t-on français dans le monde?
Selon moi, la fête de la francophonie c'est l'occasion de se poser cette question.
Hors, elle est éminemment politique et nous, profs, nous travaillons dans des institutions qui ne le sont pas, généralement.
Et, tu vas me dire , ça n'est pas notre rôle.
Mais quel est notre rôle? De "diffuser" la langue française? De "faire rayonner" la France à l'étranger?
Cette vision n'est pas la mienne et j'aimerais qu'on nous offre, officiellement, un autre point de vue pour nous permettre de sortir de cette approche qui selon moi frôle avec le néocolonialisme.
J'ai toujours l'impression de piétiner autour du sujet de la colonisation française quand de parle de francophonie.
J'aimerais bien qu'on mette les pieds dans le plat : expliquer, interroger, donner une perspective historique à la réalité actuelle
Entre nous, avec nos institutions, avec nos élèves ...
Notre pratique de prof de français langue étrangère est une position qui porte un message. Surtout quand on est français et qu'on travaille à l'étranger.
Je continue à m'interroger, après 20 ans de pratique, sur cette position.
Je ne doute pas que je vais recevoir plein de messages enrichissants en réponse à ce mail et j'en suis d'hors et déjà reconnaissante.
Je ne doute pas non plus que certain.es vont être mal à l'aise avec ces questions ou les trouver déplacées. 🤷♂️
Je voulais créer un beau dossier de ressources sur la francophonie pour la classe de FLE mais je n'ai pas encore choisi mon angle d'attaque (ni trouvé le temps, soyons honnête !) .
Ce sera pour l'année prochaine peut-être.
Dans tous ces questionnements une chose est sûre, nous sommes une communauté de profs qui viennent du monde entier et qui se passionnent pour une chose commune : l'enseignement. Et ça, j'adore.
Je te souhaite donc, malgré tout, chère prof, cher prof, une très belle fête de la francophonie,
Unissons nos passions, nos idées, nos questionnements parce que nous sommes aussi, les acteurs et actrices d'un monde meilleur.
Bon dimanche et à bientôt!
Adélaïde et ses questions existentielles du dimanche
PS : N'hésite pas à me dire ce que tu penses de tout ça et comment tu gères ces questionnements dans ta pratique.
PS 2 : Il y a maintenant plein de formules du livre de la jungle pour toutes les bourses et tous les besoins. Du livre audio simple, au dossier de compréhension écrite et jusqu'au dossier complet.
Dans la biographie de Kipling on aborde la question de l'empire anglais et des paradoxes de cet homme qui aimaient tant l'Inde mais ne la voulait pas libre. Un début ...
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