Plusieurs organisations de défense des droits humains, dont la FIDH et l'OMCT dans le cadre de l’Observatoire, dénoncent l’injustice subie par Sihem Ben Sedrine, présidente de l’Instance Vérité et Dignité, détenue arbitrairement depuis 160 jours. En réaction au harcèlement judiciaire dont elle est victime, elle a entamé une grève de la faim le 14 janvier, date hautement symbolique marquant le 14ᵉ anniversaire de la Révolution pour la liberté et la dignité en Tunisie.
Face
à l'injustice infligée à Sihem Ben Sedrine, Présidente de
l'Instance Vérité et Dignité, victime de harcèlement judiciaire
fondé sur des accusations fabriquées dans le but de se venger des
figures clés du processus de justice transitionnelle en Tunisie et
de réduire au silence les femmes activistes, cette dernière a
annoncé le 14 janvier son entrée en grève de la faim, coïncidant
avec le 14ème anniversaire de la Révolution pour la liberté et la
dignité. Par cet acte, elle dénonce non seulement l'injustice
qu'elle subit, mais aussi l'échec des autorités politiques
actuelles à instaurer une justice équitable et indépendante. Elle
pointe également leur complicité dans la gestion des dossiers des
militant·es des droits humains et des victimes, marquée par une
politique flagrante d'impunité pour les auteurs des crimes commis
sous le régime autoritaire.
Cela
fait maintenant plus de 160 jours que Sihem Ben Sedrine est détenue
à la prison de Manouba, tandis que le pouvoir judiciaire persiste à
fermer les yeux sur la poursuite des responsables de graves
violations, notamment les assassinats, la torture et les disparitions
forcées. Pire encore, le système judiciaire s'inscrit dans une
logique de vengeance et de représailles ciblant la présidente de
l'Instance Vérité et Dignité.
Cette
incarcération représente non seulement une atteinte flagrante à sa
liberté et à ses droits fondamentaux, mais aussi un acte
d'intimidation à l'égard de l'ensemble des militant·es des droits
humains et défenseur·es de la justice transitionnelle. Elle
s'inscrit dans une tentative manifeste de faire taire les vérités
exposées par l'Instance dans son rapport final sur les violations
graves et systématiques, tout en consolidant l'impunité des
responsables de ces crimes.
Par
conséquent, les organisations et associations signataires déclarent
ce qui suit :
-
Leur
exigence de la libération immédiate de l'activiste des droits
humains Sihem Ben Sedrine et l'arrêt de cette mascarade judiciaire.
-
Leur
soutien total et inconditionnel à Sihem Ben Sedrine dans sa grève
de la faim, entreprise pour dénoncer l'injustice dont elle est
victime, tout en tenant les autorités responsables de sa santé et
de son intégrité physique.
-
Leur
affirmation que l'emprisonnement de Sihem Ben Sedrine constitue une
attaque directe contre le processus de justice transitionnelle,
perpétuant la politique d'impunité. Pendant ce temps, les
autorités actuelles continuent d'ignorer plus de 205 affaires
transmises par l'Instance au système judiciaire, impliquant 1 500
individus, dont 1 200 agents affiliés au ministère de l'Intérieur,
soupçonnés de graves crimes.
-
Un
rappel aux autorités que l'absence de mise en œuvre des
recommandations de l'Instance Vérité et Dignité fragilise
davantage les garanties de non-répétition et alimente les
conditions de récurrence des violations. Nous exigeons donc que les
responsables soient poursuivis et qu'un engagement sincère envers
le processus de justice transitionnelle soit réaffirmé.
-
Un
rappel que la détention et les poursuites engagées contre Sihem
Ben Sedrine sont dénuées de tout fondement factuel ou juridique,
ne relevant que d'une logique de représailles. Ces poursuites
reposent essentiellement sur des déclarations contradictoires
émanant d'un ancien membre discrédité de l'Instance Vérité et
Dignité, qui avait déjà été renvoyé devant le conseil de
discipline.
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