Chère lectrice, cher lecteur,
Vous êtes peut-être en train de lire notre Newsletter en dégustant un bon café. À moins que vous ne fassiez partie des personnes qui renoncent au petit noir à cause de la caféine. Et le café sans caféine, ce n’est pas votre truc. «Death before Decaf», comme l’on dit. Mais du secours arrive. L’année dernière, le prix Nobel de chimie est allé à deux chercheuses pour leurs travaux sur l’édition génomique. Cette technique révolutionnaire permet d’améliorer sensiblement la qualité du café sans caféine.
Fort heureusement, la Commission consultative pour l’agriculture (CCA) reconnaît également le potentiel des nouvelles méthodes de sélection végétale. Des variétés résistantes peuvent limiter le recours aux produits phytosanitaires. Ce qui a son importance, y compris pour répondre aux défis du changement climatique. On regrettera toutefois que la CCA n’ait pas osé exclure l’édition génomique du moratoire sur le génie génétique.
Ce moratoire fait tache dans le paysage. C’est une curiosité. Car de nombreux pays, outre-Atlantique surtout, ne connaissent pas ces restrictions à l’encontre de la recherche en génie génétique. On comprend pourquoi en lisant l’histoire du succès du maïs OGM. Ses avantages sont évidents: le maïs OGM garantit les rendements, et sa culture réduit l’emploi des produits phytosanitaires. Les vaches produisent aussi moins de méthane. Pourtant, l’Europe continue de rejeter les cultures de plantes OGM. Même si le maïs OGM est depuis longtemps une réalité dans l’alimentation humaine et animale. Ce front de refus se paie au prix fort, sous forme d’importations alimentaires en hausse. Et d’un désavantage concurrentiel pour les entreprises actives dans la sélection végétale et qui sont touchées par ce provisoire qui dure.
Le développement des vaccins contre le Covid-19 pour contenir la pandémie de coronavirus nous rappelle que le salut vient de la recherche. Une grande partie de la population attend de pouvoir se faire vacciner, mais la vitesse à laquelle les travaux sont menés dans le monde est impressionnante. Voyez à ce sujet l’article grand format paru dans la «NZZ» sous la plume de Peter A. Fischer. Notre site swiss-food.ch en résume les principaux points: «Comment la recherche nous sauve».
Les connaissances scientifiques ne se commandent pas. La recherche reste un processus de longue haleine, comme nous le montrons dans l’exemple de la recherche des nouvelles molécules utilisées pour protéger les plantes des maladies et des ravageurs. Le texte, intitulé «De la molécule au produit phytosanitaire», est à découvrir sur swiss-food.ch.
Durant la pandémie de coronavirus, mais aussi lors de la recherche de nouveaux produits phytosanitaires efficients en ressources, l’utilité de la science et de la recherche est manifeste. Pourtant, de nombreux mythes ont la vie dure: aussi bien dans la vie quotidienne que dans le public et les médias. L’équation «Naturel égale sain, chimique égale toxique» est particulièrement tenace. Certes, elle relève de la désinformation, mais même les personnes avec un bon niveau de formation tombent régulièrement dans le piège du naturel. Sur swiss-food, nous avons rassemblé les mythes plus courants autour de la protection des plantes et y reviendrons au fur et à mesure.
Le dernier rappel de la Confédération nous prouve que la nature n’est pas toujours bonne pour la santé. Mercredi dernier, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) a lancé une mise en garde contre la présence de listérias dans des salades Coop Naturaplan.
La mise en garde se justifie: «Les personnes immunodéprimées peuvent quant à elles manifester toute une série de symptômes graves, dont l’issue peut être fatale dans certaines circonstances», écrit l’office. Une infection à listeria peut provoquer une fausse couche pendant la grossesse ou une méningite chez l’enfant à sa naissance. Dans ce cas, le naturel devient une menace pour l’existence. Par chance, la chimie permet de prévenir les contaminations alimentaires par listeria, y compris dans les produits Naturaplan.
La production agroalimentaire doit obéir à des règles d’hygiène strictes. Les désinfectants lui sont indispensables. Tout comme les produits phytosanitaires, les biocides font partie de la famille des pesticides. Le fait est là: les pesticides sauvent des vies. Paradoxalement, nous en avons peur. Par exemple des résidus de pesticides dans l’alimentation. Comme le souligne l’OFAG dans sa Newsletter, les dangers dans l’alimentation proviennent rarement des pesticides. Les virus, les bactéries, les parasites et les toxines naturelles sont des sources de danger bien plus fréquentes. Nous craignons l’artificiel, mais c’est d’abord le naturel qui devrait nous inciter à la prudence. L’article «Les pesticides protègent notre alimentation» publié sur swiss-food en apporte la démonstration. Il est inspiré d’un article du «Genetic Literacy Projects». Comme l’affirme le professeur Andreas von Tiedemann de l’Université de Göttingen: «La protection phytosanitaire est une technique civilisatrice».
La protection phytosanitaire est également cruciale pour la production régionale des denrées alimentaires. Les consommateurs suisses veulent acheter régional. Le marketing des grands distributeurs nous le rappelle tous les jours. Lorsque les agriculteurs suisses ne trouvent pas de produits adéquats pour protéger leurs cultures, la production régionale est supplantée par la production étrangère. Le Tages-Anzeiger l’a expliqué récemment dans l’exemple du chou de Bruxelles. Sans protection phytosanitaire, la production suisse se meurt. Les prix augmentent. La pollution aussi.
Voilà exactement à quoi mènent les initiatives agricoles extrêmes sur lesquelles nous nous prononcerons le 13 juin. Le Conseil fédéral a fixé la date de la votation. Un grand travail d’information reste à mener pour présenter les conséquences et dissiper les nombreux mythes entourant la protection des plantes. Nous comptons sur vous.
La rédaction de swiss-food.ch
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