Il y a quelque temps, je faisais partie d'une équipe de formateurs dans une formation intensive de quatre jours. L'un des formateurs présents était une personne avec laquelle je n'avais encore jamais travaillé.
Au fur et à mesure que la formation se déroulait, je me suis aperçu que j'étais agité et agacé en observant ce formateur tout en travaillant avec lui. Il disait des choses qui ne correspondaient pas à ma compréhension de la pratique de la compassion. Il disait également certaines choses que je croyais fermement susceptibles de stimuler de la souffrance, de la méfiance ou de l'incompréhension chez les participants.
Dès le deuxième jour de la formation, j'avais l'estomac noué. Bien que j'essayais désespérément de procéder à des observations (et que j'y parvenais dans une certaine mesure), je me sentais vraiment très mal. J'étais distrait, agacé, et complètement décentré. Quelque chose manquait. J'avais l'impression d'être dans une impasse.
Normalement, dans ce genre de situation, j'appelle ma copine d'empathie. Là, je n'avais pas de réseau. Impossible de la contacter. C'était à moi d'approfondir les choses par moi-même.
J'ai décidé d'écrire un «journal de jugements». Voilà à quoi ça ressemblait :
Jugements :
Besoins ou valeurs/choses que j'aime, en lien avec chaque jugement :
Bienveillance, compétence, conscience de soi, contribution
Coopération, soutien, réalité partagée
Attention, compétence, contribution, apprentissage, évolution
Conscience, présence, réciprocité, communauté, partenariat
En écrivant ces mots et en les relisant, j'ai pu voir plus clairement quelle «énergie vitale» circulait en moi. Grâce à cette conscience, j'ai pu commencer à penser aux choses que j'appréciais, à ce que je m'efforce de vivre, aux choses que j'aime. Lorsque j'ai pu voir mes «jugements» en parallèle de «mes besoins et mes valeurs», je me suis créé plus de clarté, plus de choix quant à ce que je croyais pouvoir nous servir au mieux.
J'ai eu un dialogue avec l'autre formateur. Cela a été une conversation difficile - et pourtant, en partageant mes besoins, et non mes jugements, nous avons pu créer une connexion, nous comprendre et coopérer plus facilement. C'était difficile, mais ce n'était pas impossible.
En fin de compte, ce sont mes jugements qui m'ont donné l'occasion de découvrir mes besoins et mes valeurs. Cela m'a permis de me retrouver dans un état d'esprit mieux connecté et plein de bienveillance.
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