#68 - 19 février 2021

Quand les territoires prennent la parole et proposent une vision du futur de la mobilité

Le 9 février dernier est paru un rapport remarquable sur la mobilité en Île-de-France, centré sur la grande couronne, intitulé « L’avenir des mobilités en Île-de-France : plan d’urgence pour la grande couronne ». Remarquable, ce rapport l’est à trois titres, à commencer par la démarche dans laquelle il s’inscrit. Porté par François Durovray, président du conseil départemental de l’Essonne, qui en est le premier signataire, ce rapport est également signé par des élus de tous bords, locaux et nationaux (les parlementaires du département). À quelques mois d’échéances électorales majeures, cette démarche non partisane est suffisamment rare pour être relevée dans un pays dénué de tradition de consensus politique. Elle dit à elle seule l’urgence soulignée dans le titre du rapport.

Remarquable, ce rapport l’est également par son objet. Dans un débat public sur la mobilité quasi exclusivement centré sur l’hypercentre urbain – combien d’articles, de photos sur la fréquentation des pistes cyclables dans Paris centre… ? –, ce rapport tranche en parlant des territoires qui devraient faire la une de l’actualité de tout débat sérieux sur la décarbonation de la mobilité, à savoir les territoires périurbains. C’est sur les routes de la France périphérique que se joue l’avenir des baisses des émissions de CO2 de notre mobilité, c’est là que sont les besoins non traités en matière d’offre de solutions de mobilité, c’est là que nous devons agir en priorité.

Remarquable, ce rapport l’est enfin par son contenu, notamment par les propositions qu’il porte. Il montre que les solutions magiques et simples n’existent pas ; il rappelle que les signaux-prix sont plus efficaces et plus durables que les mesures de contrainte ; il souligne, en abordant avec courage la question de la mobilité des marchandises et de l’écotaxe, que la mobilité est un système ; il se concentre sur la réalité du territoire – la route – pour montrer comment elle est un atout sur lequel construire des solutions et non un passif à passer par pertes et profits ; il insiste sur la complémentarité des solutions en mettant en avant tant le rôle que peut jouer l’infrastructure que celui des technologies. Enfin, il s’inscrit dans une perspective de croissance, en donnant corps au concept de croissance verte, en montrant qu’elle est indissociable d’une approche qui part de la réalité du terrain.

À l’évidence, il ne s’agit pas d’un rapport de plus. Souhaitons même qu’il essaime et que d’autres territoires prennent la parole pour proposer une vision aussi ambitieuse que concrète de la mobilité durable, loin des slogans et des simplismes. – Cécile Maisonneuve, présidente

 

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HYPERCONCENTRATION L’analyse par l’INSEE des créations d’emplois en France dans le secteur marchand non agricole entre 2008 et 2017 montre une impressionnante hyperconcentration territoriale des créations d’emploi. Les entreprises ont créé 340 000 emplois salariés dans les dix zones d’emploi les plus dynamiques, alors que l’emploi salarié progresse peu sur l’ensemble du territoire et diminue dans plus des deux tiers des zones d’emploi. Cette tendance se poursuivra-t-elle dans la France post-COVID où le télétravail devrait s’accroître durablement ? Une question majeure à l’heure où certains parient sur un renouveau des villes moyennes et alors que l’emploi reste le moteur déterminant de la décision de localisation des Français comme l’a montré le sondage réalisé par les instituts Potloc et Kantar pour La Fabrique de la Cité. – Cécile Maisonneuve

→ Et sur le même sujet : nos travaux sur les villes moyennes.


TRANSPORT DE MASSE
– Dans le contexte de baisse durable de la fréquentation des transports collectifs, notamment aux États-Unis, faut-il y voir la baisse durable de l’efficacité des transports collectifs ? Bien au contraire. Selon David Zipper, les transports collectifs demeurent indispensables pour une partie de la population et il est urgent de considérer une nouvelle manière de mesurer de cette efficacité : leur capacité à réduire les inégalités sociales et territoriales. – Camille Combe, chargé de mission


« MÉTROPOLES-PHARES » ou « MÉTROPOLES CHÂTEAUX-FORTS »
– Lors de son audition par la délégation aux collectivités territoriales du Sénat, Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole et de France Urbaine, explique la nécessaire alliance des territoires pour l’efficacité de la transition écologique. – Sarah Cosatto, chargée d’études

→ Et sur le même sujet : notre note qui traite notamment des liens entre les villes moyennes et les métropoles.


VERS UN HÔPITAL AGILE ? – Avant la crise sanitaire, l’adaptation de l’hôpital à l’essor de l’ambulatoire et à des temps de séjour parfois réduits à quelques heures semblait ne pas devoir souffrir d’exceptions. Il apparaît que l’hôpital doit aussi pouvoir continuer à faire face à des crises et accueillir brutalement de nombreux patients pour des séjours longs. Il faut donc concevoir un hôpital capable de « la plus grande évolutivité possible ». Sera-t-il ouvert sur la ville ou au contraire un objet autosuffisant comme l’imagine OMA ? – Chloë Voisin-Bormuth, directrice des études et de la recherche

→ Et sur le même sujet : notre rapport « Des villes productrices de santé ? ».

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