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LA LETTRE DE L'ÉCRIVAIN #16
Réussir sa carrière d'auteur en 2020 : la créature à deux têtes

L’auteur autoédité est une créature à deux têtes.

L’une dans les nuages, l’autre dans les chiffres.

L’artiste ne survivra pas si son travail n’est pas vendu. L’entrepreneur ne survivra pas s’il n’a pas un produit de qualité à vendre.

Mais ces deux personnalités cohabitent difficilement ensemble.

Le mois dernier, Cécile, une autrice faisant partie de notre groupe de sprinters nous disait qu’elle aimait tant sa « famille d’écriture » ! Et pour apprendre à nous connaître, elle nous demandait quel était, dans notre bibliographie, notre livre préféré.

Myriam, romancière professionnelle, lui a répondu que, dans notre production littéraire, il y a des livres « de cœur » et des livres « de tête ».

C’est si juste.

Je vous parle beaucoup de ma série Sixtine, car c’est le bestseller dont je suis le plus fière. Parce que l’entrepreneur en moi a sué sang et eau pour hisser ce titre en haut du palmarès, à coup de détermination, de refus de l’échec, et d’expérimentation de nouvelles méthodes (et OK, 35.000€ de publicités Amazon).

Certes, Sixtine exploite ma passion pour l’archéologie, les anciennes civilisations et les histoires paranormales — je n’aurais pas pu l’écrire si je détestais le thème. Mais il demeure mon livre « de tête » : huit ans à la BBC à écrire des documentaires prime-time m’ont donné une certaine idée des thèmes universels qui fascinent le grand public. Je me suis embarquée dans le projet Sixtine en sachant pertinemment que le choix initial du meurtre, de la pyramide et du masque de Toutankhamon comme éléments centraux de l’intrigue offrent un avantage commercial non négligeable à mon roman.

Bref, Sixtine vient plus de la tête que du cœur. 

Quel est mon livre de cœur?

C’est le premier, bien sûr. 

C’est L’Avant-Dernière Chance.

Publié par Calmann-Lévy, L’Avant-Dernière Chance est un petit roman en hommage à mon grand-père, qui s’en allait doucement lorsque je l’ai écrit. Malheureusement, il n’a jamais eu la chance de le lire. Mais je sais que, d’où il est, il l’a lu. Et un de ses meilleurs amis, un agriculteur qui était aussi son voisin, l’a lu aussi, et ne peut pas s’empêcher de verser une larme lorsqu’il en parle.

Ce roman n’est pourtant pas une auto-fiction, l’histoire est totalement imaginée : deux grand-pères s’en vont sur les routes de France pour un dernier road trip, et leur chemin croise la petite-fille de l’un d’eux, une jeune femme qui à 22 ans se sent prisonnière de sa vie. Ils échangent des textos. Finalement, pour ces deux octogénaires cet ultime tour de France va leur rappeler l’audace d’antan et leur faire découvrir l’optimisme et la tendresse… et les vraies raisons pour laquelle ils sont partis. Le livre est écrit comme une comédie de Michel Audiard, sauf qu’on pleure beaucoup à la fin. Il a été traduit en plusieurs langues, et est lui aussi devenu un best-seller.

Mais je n’ai jamais réussi à apprendre à en parler sans émotion. Malgré le temps, je me sens toujours trop vulnérable, trop à fleur de peau, trop exposée lorsqu’on le mentionne.

Et c’est exactement ce que je ressentais en écrivant le commentaire en réponse du post de Cécile.

Ce qui est intéressant, c’est que seulement une heure plus tôt, je me disais que j’étais trop « business ».

Je finissais d’enregistrer la conclusion de mon cours sur les Publicités Amazon pour les Auteurs, ou je disais que ces publicités sont le meilleur investissement qu’un auteur puisse faire dans sa carrière. Qu’une moyenne de 250% de retour sur investissement, c’est quand même mieux que le Livret A.

Facebook LIVE lundi 8 juin 20h
Des questions sur le cours avant sa fermeture ?

Rejoignez-moi lundi 8 juin à 20h sur la page Facebook du Chat de l'Ecrivain, pour un Live où vous découvrirez si les publicités Amazon sont adaptées à votre livre ou pas. À lundi !

Après l’enregistrement, j’ai douté : allais-je vraiment diffuser cette vidéo, où je passe pour une vendeuse de savon ou une capitaliste en dents longues ? Ne devrais-je pas en parler de façon plus sensible, plus… littéraire ?

Heureusement pour vous, j’ai finalement décidé de le mettre tel quel dans le cours. Car je peux parler littérature autant que je veux, et m’exprimer avec des longues phrases élégantes, n’empêche que la vérité est que ces publicités Amazon sont un des facteurs déterminants dans le succès de Sixtine, donc de ma carrière d’auteur, donc de ma vie tout court. Mon approche « business » de cette nouvelle méthode marketing est ce qui permet de faire vivre l’artiste vulnérable en moi. C’est aussi simple que ça.

La réalité, c’est qu’il n’existe pas de « juste milieu » entre l’artiste et l’entrepreneur. Faire taire la vulnérabilité de l’artiste et avoir honte des stratégies de l’entrepreneur ne mènent pas à un heureux mariage.

J’essaie plutôt d’accepter d’être, authentiquement, les deux.

Qu’est-ce que cela signifie ?

À présent que la série Sixtine flirte avec les 50.000 lecteurs, je dois discipliner l’artiste en moi pour qu’elle satisfasse cet appétit en écrivant d’autres tomes dans cette même série, et pas d’aller butiner ailleurs. Pas simple, car l’artiste a TOUJOURS envie d’aller butiner ailleurs.

Mais je me suis rendue compte que cette discipline, même si elle réduit le champ des possibles, ouvre un espace fascinant où la créativité peut s’épanouir — et l’existence même des limites autour de cet espace enlève finalement pas mal d’anxiété, de peur de la feuille blanche. Elle canalise la créativité, qui s’en trouve multipliée.

Et l’entrepreneur en moi assume d’abord son choix de parler d’argent, de commerce et de marketing avant autant de passion que lorsqu’elle parle d’intrigues et de littérature. J’ai très peu de goût pour l’idée de l’artiste qui meurt de faim pour son « art » (ou pour protéger une soi-disant immuable et sacrée « chaîne du livre » dont le modèle économique précarise ceux qui la font vivre, soit les auteurs) — je laisse ce sport à d’autres.

Mais la businesswoman accepte aussi qu’il n’y a pas de business sans l’artiste. Les « workflow » bien huilés, les grandes équipes à gérer, tous les rouages de management de l’entreprise, c’est admirable — mais rien ne peut fonctionner si l’expérimentation créative n’est pas le cœur battant de la machine. Et il faut protéger ce cœur battant à tout prix, à l’instar de John Cleese avec l’enclos de la petite tortue, lorsqu’il parle de la protection de sa créativité. Et pour cela, il n’y a pas de mode d’emploi, c’est une réinvention quotidienne.

J’accepte enfin que le monde ait du mal à comprendre cette créature à deux têtes. Inéluctablement, il reproche à l’artiste d’être une « vendue », et à la businesswoman d’être « fofolle ». Et après ? Nous, auteurs autoédités, avons décidé de prendre notre carrière en main, déjà une impossibilité dans l’esprit de beaucoup.

Nous empruntons un chemin que très peu empruntent. Il mène aussi à des réussites que très peu sont en mesure d’imaginer. Cela fait de nous des pionniers.

Mais on ne peut pas prendre des nouveaux chemins sans se réinventer. Pas juste aujourd’hui, mais demain aussi. Et pour cela, nous aurons besoin tout autant de l’inventivité perturbatrice de l’artiste et de l’intelligence opportuniste de l’entrepreneur.

Et vous, êtes-vous plutôt artiste ou plutôt entrepreneur ? 

Et êtes-vous prêt(e) à devenir cette créature à deux têtes pour prendre en main votre carrière d’auteur ?

À la semaine prochaine !

Caroline

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