Comparer et en rajouter
«Ouais, moi aussi. Ma patronne c’est la pire. Avec elle, aller au travail c'est un véritable enfer. Je me souviens d'une fois où...»
Souvent, lorsque les gens partagent ce qui se passe pour eux, cela nous rappelle notre situation à nous. Nous pouvons, sans y réfléchir, vouloir partager cette expérience. Alors réfléchissons-y - Avons-nous changé de sujet? Est-ce que la personne nous parle de son expérience pour susciter la nôtre? Peut-être, mais probablement pas.
Éduquer et orienter :
«Oh oui, je vois ce que tu veux dire. Tu sais, il existe un livre génial intitulé Comment aimer un patron qui pue ... ou «Oui, quand mon patron fait ça, j'ai appris à...» ou «As-tu déjà essayé d'en parler aux RH?»
Lorsque nous entendons quelqu'un parler de sa difficulté, nous pouvons supposer qu'il veut que nous lui disions comment gérer la situation. Et bien sûr, nous n'aimons pas voir souffrir les gens que nous aimons, alors nous voulons les aider. Sommes-nous en train de faire cela pour comprendre ce qui se vit en eux ou pour trouver une solution? Attendons-nous d'eux qu'ils suivent nos conseils? Et s'ils ne le font pas, cela nous convient-il? Sommes-nous présents à leur expérience? Probablement pas.
Mon ami Marshall Rosenberg disait qu'il ne donne des conseils que lorsqu'ils sont demandés par écrit, notariés et en trois exemplaires. Cela l'aidait à être plus présent. Bien sûr, les conseils ont leur place dans la vie - mais c'est autre chose que de l'empathie.
Minimiser :
«Ce n'est rien. Dans cette économie, tu devrais être reconnaissant d'avoir un emploi.» «ce n'est pas grave».
Nous avons souvent des réactions «réflexes» pour essayer d'attirer l'attention de l’autre sur autre chose, parfois dans le but de «le faire se sentir mieux». Vous rappelez-vous d’une seule fois où vous avez reçu ce genre de réponse et où vous vous êtes dit : «Oh oui, c'est tellement vrai. Merci pour cette réponse. Je me sens mieux maintenant». Moi, non, pas une seule fois.
Réparer et conseiller :
«OK. Calme-toi. Ne t'inquiète pas. On va s'en sortir. Je sais que ça fait mal maintenant, mais je suis sûr que ça va s'améliorer. Ces choses-là s'arrangent toujours d'elles-mêmes.»
Lorsque nous entendons la douleur de quelqu'un d'autre, nous pouvons nous sentir mal à l'aise et vouloir en quelque sorte arranger les choses. Si nous vérifions en nous-mêmes - de quel besoin s'agit-il? le besoin de qui?
Entrer en Sympathie :
«Oh, mon pauvre. Je suis tellement bouleversée quand j'entends cela. Quel patron détestable!»
La sympathie (le partage d'un sentiment par le biais d'une expérience partagée imaginaire) est différente de l'empathie. C'est un peu comme répondre à une personne qui se noie en sautant dans l'eau et en se noyant avec elle. Oui, cela peut lui faire comprendre que vous comprenez ce qui se passe pour elle. Mais ce n'est pas de l'empathie.
Collecte de données et questionnement :
«Bon tu peux me dire précisément, qu'est-ce qu'elle a fait exactement? A-t-elle déjà fait cela auparavant? As-tu remarqué si c’est un schéma récurrent?»
La collecte de données est souvent un précurseur des conseils, l'échauffement avant de tout régler. Elle peut provenir de notre curiosité ou de notre malaise face à la douleur. Nous pouvons avoir un intérêt sincère, c'est certain. Mais ce n'est pas de l'empathie.
Expliquer, défendre et justifier
«En tant que patron moi-même, je sais que, parfois, nous devons simplement faire claquer le fouet. Ton patron est probablement très stressé et ne pense pas vraiment ce qu'il dit. C'est vraiment difficile d'être un patron avec toutes ces responsabilités».
Parfois, la douleur de quelqu'un d'autre déclenche en nous des habitudes qui nous déconnectent. Cela peut être particulièrement vrai dans les situations où nous pensons que nous sommes en tort ou «responsables». Dans ces moments-là, nous pouvons nous préoccuper davantage de notre version de l'histoire - notre besoin d'être compris. Il en résulte souvent ce que j'appelle Le Syndrome Deux Émetteurs, Pas de Récepteur. (SDEPR)
Parfois, nous appelons cela une dispute ou se fâcher. Ce n'est certainement pas de l'empathie.
Analyser
«Est-ce que cela se manifeste ailleurs dans ta vie? As-tu déjà envisagé qu'il s'agisse d'un modèle récurrent pour toi? Peut-être est-ce à cause de ta relation insatisfaisante avec ton père...»
Parfois, nous sommes tellement focalisés par l'idée d' aller au fond des choses que nous en oublions ce qui est bien visible devant nos yeux. Notre envie urgente de comprendre, afin de mettre un terme à notre malaise face à la douleur de l’autre, peut nous inciter à utiliser notre cerveau rationnel pour y trouver des réponses et des schémas explicatifs. Ou peut-être est-ce notre propre douleur que nous traitons de cette manière? Sans aucun doute, il y a des endroits dans la vie où l'analyse est importante. Mais ce n'est pas de l'empathie.
Alors quoi? Peut-être l'empathie
«Hmmm. J'imagine que c'est très frustrant.
Je suppose que tu aimerais avoir plus de liberté, plus de choix - plus de possibilité de t'exprimer peut-être?»
Et puis?
Je suis sûr qu'aucun d'entre nous n'a jamais rien dit qui ressemble aux exemples sans empathie (heheheh *sourire ironique*). Bon, je sais que moi, je le fais souvent et que je le ferai sûrement encore. La différence maintenant, c'est que lorsque j'ai conscience de ce que je fais, j'ai le choix de faire autrement - si je le souhaite.
Je me souviens de moments, avant que je ne développe mes compétences empathiques ainsi que ma confiance dans le pouvoir de l'empathie, où l'expérience de vouloir me connecter et de ne pas savoir comment procéder, me laissait frustré, confus et déconnecté, sans l'avoir voulu.
C'est là la place de l'empathie. Au début, il peut être TELLEMENT difficile de s'abstenir de toutes nos façons habituelles de penser et de parler. Notre «robot» se met en marche et nous partons dans nos modes habituels, comme toujours.
Maintenant, nous avons la possibilité d'ajouter à nos vies une nouvelle façon d'être - une nouvelle compétence pour créer un nouveau niveau de connexion - l'empathie. Passer à cette nouvelle approche, par les sentiments et les besoins, n'a rien de facile. Je sais que pour moi, c'est le travail de toute une vie - un travail de longue haleine. C'est aussi un travail qui me procure certains des meilleurs moments de ma vie.
La suite dans les prochaines semaines du Cours de Compassion
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