Paulette Guinchard a été la secrétaire d’Etat aux personnes âgées du gouvernement Jospin entre le 28 mars 2001 et le 6 mai 2002. Cohabitation oblige, le Président de la République n’avait pas prise sur l’action du gouvernement, contrairement à la situation que nous connaissons actuellement avec la Présidence Macron.
Sous ce gouvernement, le Secrétariat d’Etat aux personnes âgées est rattaché au Ministère de l’Emploi et de la Solidarité occupé par Elisabeth Guigou.
Nous avons rencontré Michel Thierry, directeur de cabinet de Paulette Guinchard, pendant cette période. Il relate l’organisation du travail dans un secrétariat d’Etat rattaché à un ministère de tutelle.
Nous souhaitions mesurer avec lui l’écart entre un Ministère de plein exercice, comme celui occupé par Damien Abad depuis le 16 mai et un ministère dépendant d’une tutelle comme celui occupé par le prédécesseur de Monsieur Abad, Brigitte Bourguignon.
Comment un Secrétariat d’Etat rattaché à un Ministre de plein exercice doit-il travailler ?
De quelle latitude dispose-t-il pour exercer ses fonctions sans trop dépendre de son ministère de tutelle ?
A quel moment cette tutelle est-elle la plus pesante ?
Sans cette tutelle, les décisions sont-elles plus simples ?
A travers cet échange, nous avons cherché à comprendre si la situation de notre nouveau Ministre de l’Autonomie sera facilitée par son rattachement direct au Premier Ministre.
Michel, c’est à vous !
Durant la période où Paulette Guinchard est Secrétaire d’Etat aux personnes âgées, nous entretenons des relations très positives avec notre ministère de tutelle. Plus largement, les partenariats interministériels avec un ministère proche du nôtre, comme la Santé alors occupé par Bernard Kouchner, sont faciles à réaliser dès lors qu'ils ne nécessitent pas un budget trop important.
Nous avons ainsi pu mener à bien plusieurs projets interministériels Personnes Âgées / Santé, comme le Plan Alzheimer, la revalorisation de la gériatrie et le tissu local de santé.
En revanche, lorsqu’il faut nouer des relations avec des ministères plus lointains, ou obtenir des financements, nous sommes tenus de recevoir l’aval du cabinet de Madame Guigou.
Les principales difficultés qui peuvent se rencontrer dans les rapports entre un secrétariat d' État et son ministre de tutelle sont souvent liées à des problèmes de préséance ou d'egos entre cabinets, ce qui n'est guère productif mais est assez classique dans toutes les organisations à deux têtes. Mais surtout il est clair que toute mesure significative de financement proposée par le ou la secrétaire d'Etat, toute négociation avec Bercy ou des organismes de sécurité sociale doit rester sous le contrôle du ministre de tutelle, qui reste responsable d'une cohérence globale et peut avoir d'autres priorités.
Globalement, l’autorité de tutelle était ouverte à nos propositions, dès lors qu’elle les comprenait.
“Si l’on est Ministre de plein exercice, on est plus écouté”
Les partenaires préfèrent les relations avec un ministre de plein exercice, car ils savent qu’en ayant un seul interlocuteur, ils traitent avec celui qui décide.
C’est pourquoi un ministre de plein exercice bénéficie d’une crédibilité naturelle plus importante, liée à sa fonction, auprès des grandes associations nationales, des élus locaux et des organismes professionnels.
Dans cette configuration, même une figure politique peu connue pourra, grâce à son portefeuille, obtenir des réponses ou mobiliser des parties prenantes.
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