"La conscience de la mort est essentielle à la vie.
Notre société s'abîme dans le déni de la mort. On fait comme si elle n'existait pas. On nie tout ce qui se rapproche à la mort. On cache soigneusement les signes de vieillissement dès leur apparition. On ne valorise que la jeunesse et ses atouts, qui sont les seuls que l'on affiche, comme si vieillir était honteux ou effrayant. Pourtant, quand on demande aux gens s'ils sont heureux, ils sont beaucoup plus nombreux à répondre oui à 60 ans qu'à 20 ans... Autrefois dans les villages, on allait toutes les semaines en famille au cimetière, rendre visite aux ancêtres. On s'adressait à eux intérieurement, on leur parlait, et finalement on gardait un lien, quelque chose subsistait entre eux et nous. Et pendant que les adultes entretenaient les lieux et les fleurs, les enfants jouaient sur les tombes alentour et, mine de rien, ils apprivoisaient la mort. Pourtant, vois-tu, c'est paradoxalement la prise de conscience de nos limites qui peut être libératrice. C'est en les acceptant pleinement que l'on peut alors s'épanouir, déployer notre créativité, et même se mettre à réaliser de grandes choses. Et comme la plus grande des limites, la plus incontournable, c'est la mort... notre vie commence véritablement le jour où l'on prend conscience que l'on mourra un jour, et qu'on l'accepte pleinement.
La conscience de la mort permet de se libérer de ses illusions. On réalise soudain ce qui a vraiment de la valeur dans notre vie. Tout le reste, qui jusqu'alors mobilisait notre attention et notre énergie devient d'un seul coup secondaire. Notre aveuglement prend fin, nos chimères s'évanouissent. On s'autorise à être soi-même, à exprimer ce que l'on ressent, à vivre ce que l'on veut vivre."
Laurent Gounelle - Le jour où j'ai appris à vivre
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