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LA LETTRE DE L'ÉCRIVAIN #17
Le perfectionnisme, notre ennemi n°1

Perfectionnisme

nom masculin 

Recherche excessive de la perfection.

Qui nous pousse à abandonner notre manuscrit dans un tiroir pendant deux mois ? ("L'inspiration, on ne décide pas quand elle vient")

Qui nous dit qu'on n'y arrivera pas ? ("Le talent, ça ne s'apprend pas")

Pire — et encore plus fort : 

Qui nous fait détester la chose qu'on aime pourtant de tout notre cœur, l'écriture ? 

Qui ? Le perfectionnisme. 

Le perfectionnisme, avec ses airs de premier de la classe, nous ment comme un arracheur de dents.

Il nous fait croire que s'il est strict avec nous, c'est pour notre bien. Un bon élève sait savoir attendre l'inspiration, et prendre son temps, et réécrire tout 5000 fois, et ne pas publier si ce n'est pas "à la hauteur". 

Il nous fait croire qu'il nous protège. Contre le monde impitoyable qui va nous juger. Contre la honte. Contre nous-même.

La vérité est que le perfectionnisme est une vieille maîtresse d'école amère et apeurée. 

En cachette, elle passe son temps à regarder derrière son épaule pour vérifier « ce que les gens vont penser ». Elle tremble dès qu'on écrit une phrase. Elle s'affole dès qu'on parle de finir quelque chose.

Alors elle joue la montre — et on n'écrit pas. Quand on en a assez et qu'on se met enfin à écrire, elle use du bâton et de la carotte. 

Le bâton, c'est la voix qui nous dit que ce n'est pas JAMAIS assez bien. Qu'on est moins bon que __________ (insérez les noms de tous les auteurs que vous aimez).

La carotte, c'est cette validation de notre travail qui arrivera lorsque nous aurons atteint la perfection. Le bon point, l'image. Le contrat avec une grande maison d'édition. Les applaudissements des critiques. 

La délivrance de l'emprise des doutes.

Désolée de vous l'annoncer : ni la perfection ni la validation n'existent. Ce ne sont que des chimères, qui disparaissent dès qu'on les touche.

Mais alors si le perfectionnisme est un imposteur, doit-on faire n'importe quoi ?

Et si on a vraiment envie de faire les choses bien ?

Écrire, écrire, écrire encore et toujours, pour aller plus loin dans notre projet. Pour être plus juste. Pour être plus subtil. Pour être plus vrai. 

Habiter notre histoire et lui donner du souffle. 

Entraîner sans cesse notre curiosité pour enrichir l'incroyable théâtre de notre imagination. 

Oser créer non pas des personnages de papier, mais des compagnons pour toutes les solitudes.

Creuser, tisser, composer, déborder des lignes pour trouver le cœur de notre livre, la cité perdue qu'il était dans notre destin de trouver.

Lire et écrire avec attention et intention, pour maîtriser les subtilités de la langue et de la structure narrative, ce langage universel.

Apprendre, apprendre encore, apprendre toujours. Accepter qu’il y a tant de choses qu’on ne sait pas encore.

Avoir l'audace d'exprimer notre singularité, riche d'imperfections et de vulnérabilités — car là se cache notre humanité. N'est-ce pas pour partager cette humanité que nous écrivons ?

Ce n’est pas du perfectionnisme.

C’est la poursuite de l’excellence.

Comment savoir si notre détermination vient du perfectionnisme ou de la poursuite de l'excellence ? 

Regardons, dans les yeux, l'énergie qui nourrit notre travail.

Quand c'est la peur, la honte, la comparaison. Quand nous allons à notre pupitre avec des semelles de plomb et un trou dans le ventre. Quand les mots semblent exister sur la page juste pour prendre une revanche. Quand nous avons écrit la même phrase 2874 fois et que le seul résultat, c'est que tout est encore plus confus. 

Alors on sait que c'est le perfectionnisme qui nous fait le coup de la vieille maîtresse d'école amère. Qui nous dit que c'est normal, de mettre cinq ans, ou quarante, pour écrire 50.000 mots. 

Que les meilleurs auteurs sont les auteurs morts. 

Mais si l'énergie derrière notre détermination, c'est la curiosité, la créativité, l'expérimentation ? L'enthousiasme ? L'audace ? Oui, c'est dur, et non ce n'est pas aussi bien que ce que font les auteurs morts, mais on s'en fout de ce que pensent les auteurs morts et les critiques parisiens et les maîtresses d'école amères, car à la fin de la journée, ce sentiment qu'on a, ça ressemble quand même beaucoup à celui d'être allé(e) à l'aventure ! 

Si tout simplement on se sent bien à faire ce qu'on aime, même quand c'est difficile, alors c'est la poursuite de l'excellence.

Elle ne nous dit pas d’arrêter. Elle nous souffle que peut-être, peut-être, nous pouvons êtes meilleurs cette fois-ci. Sa came, c’est l’espoir de nous dépasser. L'espoir de connaître, dans un moment magique d’écriture et de liberté, le moment où enfin nous nous sommes autorisés à être nous-mêmes... mais en mieux. 

L'oxygène du perfectionnisme, c'est le temps. C’est de cet oxygène dont j’essaie de la priver pendant nos « sprints d'écriture ». Il y a un "art" du sprint, dont je vous parlerai plus tard. Mais pour l'instant, sachez juste qu'écrire vite n'affecte en rien la qualité de nos livres. Cela libère notre créativité de la dictature de nos peurs.

Le perfectionnisme nous empêche d’être nous-mêmes.

Il est temps d’avoir le courage de le refuser.

Je vous vois au sprint demain.

Caroline

Je tente le sprint d'écriture (ouvert à tous)
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