Lorsque j'ai commencé à étudier la compassion (la conscience bienveillante basée sur les besoins), j'ai été étonné de la simplicité du concept. Tout de suite après avoir mesuré la simplicité, c'est la difficulté de la mise en pratique qui m'a frappé. Comment quelque chose d'aussi simple pouvait-il être aussi difficile? La réponse à cette question ne m'a pas forcément facilité le cheminement vers une vie de compassion. Cependant, elle m'a permis d'y aller avec plus de douceur envers moi-même. Voici un poème qui la met en perspective pour moi.
J'ai un petit robot
qui me suit partout.
Parfois il pense ce que
Je pense,
Parfois il pense être moi.
Grâce à ce petit poème je peux me considérer comme constitué de deux parties : mon «être» et mon «robot». Mon «être» n'a pas de pensées «habituelles» (préétablies). Il est toujours dans le présent, toujours conscient. Cependant, mon «être» vit avec mon «robot», mon corps et mon cerveau humains. Mon «robot» est plus routinier dans ses pensées, son langage et ses actions. Bien que mon «robot» puisse changer ses habitudes, il le fait beaucoup plus lentement que je ne le voudrais. La bonne nouvelle est qu'il finit par changer si je persiste. C'est là que l’entraînement entre en jeu.
Par exemple, au début de mes études, je voulais penser plus souvent aux besoins (les miens et ceux des autres), en particulier dans les situations difficiles. Mon «être» savait que cela apporterait plus de connexion et de compréhension, mettrait mes idées au service de la vie, pour le dire vite, la mienne et celle de ceux qui m'entourent. Pourtant mon «robot» a continué longtemps à penser sous forme de reproches, de «responsabilités» qu’avaient les autres ou à ce que les gens (moi y compris) «devraient» ou «ne devraient pas» faire ou dire.
Mon incapacité à suivre ma propre intention d'être davantage bienveillant était troublante, j’étais perplexe. Mon «robot» ou «moi habituel» empêchait l’expression de mon «être». Pourquoi cela se produisait-il?
Il existe une très bonne explication. Plus les synapses de notre cerveau se connectent selon un certain schéma, plus elles ont tendance à se reconnecter exactement selon le même schéma. C'est cette caractéristique qui nous permet d'apprendre et de nous souvenir des choses. Nous pouvons considérer de nombreuses pensées comme des «habitudes». C'est ainsi que nous n’avons pas à réfléchir beaucoup pour nous brosser les dents ou descendre à notre arrêt de bus. Nous pensons par habitude. Notre «robot» fait son travail sans nous.
Avec le temps, les schémas habituels peuvent devenir beaucoup plus sophistiqués que le brossage des dents. Ils influencent tout ce que nous faisons et pensons, qu'il s'agisse de choisir ce que nous mangeons ou de penser que notre patron est un casse-pieds. Les pensées habituelles affectent particulièrement nos relations avec nous-mêmes, nos familles et nos proches. Cela vous semble familier?
Dans certains cas, notre «robot» nous facilite la vie. Il nous permet d'effectuer plusieurs tâches à la fois et peut même nous protéger du danger. Et pourtant, dans d'autres cas, nous pouvons nous trouver en désaccord avec lui - comme lorsque nous essayons de nouvelles pensées ou des nouveaux comportements - comme lorsque nous essayons d'intégrer plus de conscience des besoins ou des schémas de pensée plus bienveillants.
Bien que notre «robot» influence la vitesse à laquelle nos pensées et nos comportements vont évoluer, en fin de compte, avec l'intention et la pratique, c’est notre «être» qui peut créer de nouvelles habitudes au fil du temps. Notre «être» peut être considéré comme une «force créatrice» ou un «expérimentateur» qui, avec de la pratique et de la répétition, peut au final déterminer notre orientation et notre expérience. C'est notre «être» qui apporte une nouvelle conscience à chaque instant. C'est notre «être» qui amène notre «robot» à étudier le cours de compassion, notre «être» qui nous amène à la salle de sport et nous nourrit d'aliments plus sains.
Lorsque je pense à mes pensées et à mes actions dans cette perspective de «robot» et d'«être», je me sens moins anxieux quant au rythme de mes progrès. Je peux être plus bienveillant, compréhensif et présent à moi-même dans tout nouvel apprentissage. Cela rend le processus d’intégration moins douloureux et plus gratifiant, et je suis capable de m'y tenir. Lorsque je m'y tiens, lentement et sûrement, mon « être» et mon «robot» s'alignent davantage.
C'est pourquoi la pratique et la répétition sont des moyens si puissants pour intégrer la compassion dans nos vies.
À suivre dans les prochaines semaines du Cours de Compassion
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