Lancée sur cette vibe positive, je commence une seconde illustration. Je réalise le dessin sans difficulté, le décalque pour le transférer sur le papier final, commence la mise en couleur... puis je prends le vertige, je panique et je m'arrête.
Un vertige ? Oui un vertige. Rien n'était plus fluide, mon corps paniquait face à la création, la création devenait d'ailleurs plus de l'ordre de l'inquiétude que du plaisir. Bref quelque chose n'allait pas.
Je me suis donc offert le temps de l'écoute. Et couche après couche, j'ai pu recenser plusieurs raisons plausibles.
- La peur de mal faire. C'est la plus évidente. Oui, lorsque je dessine, je peux toujours gommer et recommencer. Alors qu'une fois la couleur mise en route, chaque erreur reste inscrite dans l'illustration.
Cette peur est la plus évidente, mais en réalité elle n'est pas la plus probable. Dans une illustration à l'aquarelle, je monte les tons tout en douceur, avec parcimonie et à mon rythme... Oui certes, le risque zéro n'existe pas, mais dans la réalité, tout est rattrapable et il est peut probable de foirer une illustration complètement.
- En dessous de la peur de mal faire, j'ai trouvé la peur de réussir. Finalement, une personne qui se mettrait à dessiner régulièrement et qui verrait donc son niveau progresser de manière rapide, aura souvent bien plus peur de sa réussite que de se rater.
Dans mon cas, effectivement mon niveau de maitrise en illustration botanique est déjà bien avancé, et oui effectivement me voir réaliser une vraie jolie série d'illustration, ça reste hyper impressionnant. Mes gardiens ont donc tout intérêt à bien me garder sous confusion : ne prenons pas le risque de réussir !
- Le sujet de l'illustration peut également être un point sensible. Toujours dans le cas de cette illustration, je dessine des hellébores roses. Je touche donc à cette couleur qui est hyper-challengeante pour moi (je l'avais déjà remarqué dans le projet des muses). Le rose cette couleur de l'amour, mais aussi cette couleur hyper assimilée girly.
Oui parfois il arrive que le sujet de l'illustration vienne frotter plus loin qu'on ne le croit. Il est alors judicieux de prendre un temps d'écoute : qu'est ce qui se joue pour moi à travers ce dessin ? Ce peut être la couleur, mais il peut aussi s'agir de la plante (oui, lorsque nous dessinons une plante, nous nous connectons à son essence), un animal, le sujet... bref, oui prenez le temps de sonder votre illustration !
- Enfin ce peut aussi être une question de cycle. Dans mon cas, j'arrive en toute fin de cycle et dans cette période, surtout en plein hiver, le corps à besoin de beaucoup de récupération. C'est une période où la concentration peut baisser drastiquement.
Une illustration botanique, c'est justement beaucoup de précision, donc cela demande beaucoup de concentration. Cela ne signifie pas que vous ne pourrez plus rien faire, mais juste : plutôt que de se jeter sur des seaux de culpabilité et d'auto-flagélation, il est possible d'en prendre conscience et de s'accueillir avec bienveillance dans son besoin de ralentir un petit peu.
Ce sont les quatre raisons que j'ai pu identifier cette fois-ci. Il en existe sans doute bien d'autres (si tu en trouves partage les moi en retours de mails ! ). L'idée n'est pas de te faire une liste exhaustive mais juste de montrer une palette de la variétés de raisons différentes qui peuvent venir contrarier la création.
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