"Quand éviter la douleur devient le principal souci pendant l'accouchement, un effet paradoxal survient ; un plus grand nombre de femmes se retrouvent à devoir supporter une douleur après la naissance de leur enfant.
Le recours fréquent à la péridurale augmente le nombre de césariennes et d'extractions instrumentales (aux forceps et à la ventouse). La péridurale provoque des douleurs dorsales au long cours chez près d'une femme sur cinq. Parfois, le recours au forceps ou à la ventouse obstétricale inflige une blessure à la mère ou au bébé. Les perfusions sont douloureuses pendant toute la durée de leur mise en place et encore quelques jours après. Plus on bouge, plus ça déplace la canule dans la veine et plus c'est douloureux. Aux femmes qui subissent une césarienne, on insère un cathéter dans l'urètre avant l'opération. Ce petit tuyau est maintenu en place pendant au moins 24h. Tant que le cathéter est en place, beaucoup de femmes ressentent une envie constante d'uriner. Et comme, bien sûr, elles sont tout le temps "en train de faire pipi", il n'est plus possible de satisfaire cette envie. Une césarienne implique généralement la mise en place dans la partie de la plaie la plus à même de bien drainer le sang et la lymphe hors de la cavité abdominale. Les femmes trouvent douloureux le retrait de ce drain au cours du 3ème jour, particulièrement quand on ne leur a pas administré d'antalgique une heure avant. Pour finir, les gaz intestinaux qui se forment suite à toute opération chirurgicale de l'abdomen (y compris la césarienne) sont extrêmement douloureux. La douleur postopératoire peut entraver l'aisance avec laquelle une femme peut tenir son nouveau-né.
Chacune des procédures et des conditions que je viens de mentionner implique une douleur après la naissance.
À l'inverse, une femme qui accouche sans intervention médicale est plus susceptible d'en avoir fini avec la douleur après la naissance. Souvent, elle est euphorique, stimulée par la décharge hormonale qui suit la naissance du bébé. L'ocytocine, ou l'hormone de l'amour, est libérée au cours de la dilatation finale du périnée, au moment où la tête et le corps du bébé passent ; sensation plaisante pour la plupart des femmes. La douleur, si elle était là quelques secondes auparavant, est souvent oubliée ou reléguée à l'arrière-plan. De plus, la femme a élaboré des techniques de relaxation puissantes, éprouvées pendant l'expérience la plus intense et la plus mémorable de sa vie. Elle a appris de quelle manière une respiration lente et profonde peut changer ses sensations corporelles et la teneur de ses pensées. Elle a sûrement une nouvelle image et estime de son corps. Elle a ressenti l'extraordinaire mélange de vulnérabilité, de puissance et de connexion avec le principe féminin qui caractérise le travail et l'accouchement."
Ina May Gaskin - Le guide de la naissance naturelle
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