Souvent lorsque nous commençons à étudier et à nous créer une pratique de la compassion viennent des questions comme : «Que faisons-nous lorsque les choses ne se passent pas avec des mots, ou bien lorsqu’elles ne sont pas rationnelles? » «Que faisons-nous lorsque quelqu'un fait quelque chose qui me porte atteinte, à moi, à quelqu'un d'autre ou à lui-même ? Est-ce que nous nous contentons de regarder ? Lui donnons-nous de l'empathie ? Comment nous occupons-nous de tels évènements?» «dans la vraie vie?»
Si quelqu'un vient vers vous avec un couteau, est-ce que vous lui dites : «Je vois que tu viens vers moi avec un couteau; j'ai peur, et j'aimerais vivre plus de sécurité en ce moment, et je suppose que tu es vraiment stressé et que tu as besoin de t'exprimer. Serais-tu prêt à utiliser d'autres moyens pour t'exprimer ?» ?
Non !
Évidemment, non ! Vous essayez d'attraper sa main et d'éloigner l'arme de vous. La question que je vous pose est la suivante : Qu'est-ce que vous avez dans le cœur quand vous agissez ainsi?
Utilisation punitive ou bienveillante de la force
L'usage punitif de la force est celui avec lequel la plupart d'entre nous avons grandi. Dans l'usage punitif de la force, l'intention est de faire changer le comportement par la punition - avec des torts, des fautes et dans le cœur, des jugements. Dans ce mode, nous ne sommes probablement pas connectés à nos besoins ou à nos valeurs. Cette façon punitive d'utiliser la force est répandue aujourd'hui dans de nombreuses cultures. Elle affecte la manière dont nous traitons nos enfants, la manière dont nous faisons face à la criminalité et la manière dont nous nous engageons dans la guerre.
Pour prendre un exemple, réfléchissons à la manière dont nous agissons avec un enfant de 3 ans qui part en courant dans la rue.
Dans le cadre d'un usage punitif de la force, nous saisissons l'enfant et lui disons : «Méchant garçon ! Je suis vraiment en colère contre toi ! Tu n'es pas censé partir comme ça dans la rue ! Tu vas voir, pour t'apprendre je vais te mettre dans ton parc et tu vas y rester tout l'après-midi !». Dans ce mode d'action, notre enfant de 3 ans apprend qu'il est «mauvais». Il fait l'expérience de la colère et du jugement d'un adulte (souvent son soutien vital) . Il apprend qu'il ne doit pas aller dans la rue lorsqu'il y a des adultes présents.
Dans le cadre de l'usage protecteur de la force, nous attraperions également l'enfant. Mais cette fois, nous disons : «Oh mon Dieu. Quelle peur ! Tu aurais pu te faire écraser par une voiture qui circule dans la rue ! Je vais te mettre dans ton parc cet après-midi pour que je puisse me détendre et que tu sois en sécurité».
Dans ce cas, l'enfant n'a rien fait de «mal». Nous n'essayons pas de le punir en représailles de ses actes. Dans cet exemple, nous répondons à un besoin de sécurité. Au cours de cet événement, il a appris que nous nous soucions de lui et qu'il est dangereux de partir en courant dans la rue. Dans ce cas, l'usage «protecteur» de la force met en lumière les besoins à l'origine de notre comportement, alors que l'usage «punitif» de la force ne le fait pas du tout.
Il s'agit d'une distinction importante sur le plan social également, si l'on considère la manière dont fonctionnent la plupart de nos systèmes de justice pénale. Par exemple, si quelqu'un prend quelque chose qui appartient à quelqu'un d'autre, nous le punissons souvent en le mettant en prison. Il devient donc plus difficile pour les personnes reconnues coupables d'un crime de trouver un emploi (et une sécurité financière) à leur sortie de prison. Il est alors assez probable qu'ils se sentent contraints de répéter l'acte, et un cercle vicieux s’installe. Ces stratégies punitives ne s'attaquent pas au problème (les besoins non satisfaits). Souvent, elles ne font qu'aggraver la situation.
Dans le cadre d'un usage protecteur de la force, nous répondrions aux besoins que la personne tente de satisfaire, même si nous n'aimons pas la façon dont elle le fait. C'est le cas dans les «tribunaux de justice réparatrice» (il en existe environ 12 aux États-Unis). Dans ces tribunaux, les gens se voient souvent proposer une formation professionnelle comme alternative à la prison. Par exemple, une «peine» peut consister à apprendre à réparer un ordinateur ou à utiliser un programme de traitement de texte. Les personnes qui ont enfreint la loi acquièrent ainsi une meilleure chance de pouvoir répondre à leurs besoins d'une manière moins coûteuse pour elles-mêmes et pour leur entourage.
Cette distinction entre l'usage protecteur et l'usage punitif de la force crée une façon nouvelle d'apporter de la compassion et de l'attention dans nos vies et nos communautés lorsque des personnes font des choses que nous n'aimons vraiment pas. Lorsque nous pouvons passer du jugement et de la haine à la conscience que nous essayons tous de satisfaire nos besoins, nous pouvons à la fois vivre dans un monde fait de bienveillance et protéger la vie.
À suivre ...
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