#36 - 10 juillet 2020

Ode à l'aire urbaine moyenne

« Le renouveau des villes moyennes », « la revanche des villes moyennes sur les métropoles »… Si l’on en croit les gros titres de ces dernières semaines, une transition urbaine profonde serait aujourd’hui à l’œuvre en France. Tandis que les grandes villes perdraient leur vitalité, les villes moyennes l’auraient quant à elles retrouvée à la faveur des aspirations nées du confinement. Cette dichotomie entre ces deux « types » d’espaces urbains est fortement ancrée dans les représentations. Elle nourrit le « fantasme du ‘grand départ’ de la capitale », et, dans son sillage, le lancement simultané de nombreuses opérations de communication de la part de villes comme Alès ou Mazamet pour attirer tout à la fois des entreprises, leurs cadres (potentiels futurs habitants) et des touristes en mal d’espace, de verdure et d’air pur.

Selon une étude intitulée « The Pollution Solution », pilotée en 2019 par la banque HSBC , cette tendance était déjà à l’œuvre l’année passée à l’échelle mondiale. Les données récoltées auprès de 12 000 répondants fin 2018 en France, en Australie, au Canada, aux États-Unis, aux Émirats Arabes Unis, en Malaisie, au Mexique, au Royaume-Uni, à Singapour et à Taïwan, montrent qu’« au niveau mondial, (…)  plus d’une personne sur dix (12%) a fait le choix de quitter un centre urbain pour une agglomération périphérique ou le milieu rural. Cette décision s’explique notamment par la volonté de fuir le stress généré par la vie urbaine (17%) et d’échapper à la pollution des villes (14%) ». D’autres arguments, comme la sécurité, le coût de la vie moins élevé et un « rythme de vie apaisé et serein » sont avancés.

Cette idée d’une « revanche » des villes moyennes accélérée par le confinement est aujourd’hui fortement remise en cause, comme nous vous l’expliquions en mai dernier. Mais elle a l’avantage d’avoir relancé un débat autour de la notion-même de « villes moyennes », et c’est précisément cette notion que nous vous proposons d’explorer dans une nouvelle note de Raphaël Languillon-Aussel, chargé d’études senior à La Fabrique de la Cité, qui entend dépasser les visions simplistes des « villes moyennes » pour mettre au jour des réalités plus nuancées.

De quoi parle-t-on réellement lorsque l’on parle des « villes moyennes » ? Tantôt idéalisées, tantôt présentées comme « en crise », les villes moyennes sont le support de représentations diverses, mais renvoient surtout à une notion désormais inopérante : celle de « ville ». À l’inverse de ce que laisse penser la vision fixiste des dynamiques urbaines, la ville a, dans la seconde moitié du 20èmesiècle, débordé de ses contours physiques comme conceptuels pour faire place à « l’urbain » ; c’est ainsi que Françoise Choay évoquait « le règne de l’urbain et la mort de la ville». Derrière l’urbain se trouve la réalité fonctionnelle de la ville : celle de l’aire urbaine. Il s’agit donc, à présent, de changer d’échelle et de grille de lecture pour mieux comprendre les territoires. Pour le moment peu définis, de nouveaux imaginaires urbains futurs vont-ils se construire et se fixer à l’échelle de ces espaces fonctionnels ? – Sarah Cosatto, chargée d’études

→ Et sur le même sujet : suivez-nous cet été pour de nouvelles publications liées aux « villes moyennes » et à notre projet d’étude « Territoires et métropolisation ».

 

Pas le temps de lire ? L’équipe de La Fabrique de la Cité s’occupe de vous.

ENTRAÎNEMENT OLYMPIQUE – Lanterne rouge ! Avec près de 215 millions de kilomètres parcourus chaque jour en voiture, Los Angeles possède le réseau routier le plus saturé des États-Unis et l’un des plus congestionnés au monde. Dans le cadre de la préparation des JO de 2028, la ville s’est fixé pour objectif de réduire les embouteillages. Pour cela, elle compte sur la tarification dynamique de certains axes à partir de 2021, l’un des moyens les plus efficaces pour assurer ses chances de monter sur le podium. – Camille Combe, chargé de mission

→ Et sur le même sujet : notre récent rapport sur le financement d’une mobilité décarbonée.


À LA GARE COMME À LA GARE – Une nouvelle étape est franchie dans le projet de réaménagement de la Gare du Nord porté par Ceetrus et Gares & Connexions, avec la délivrance, le 6 juillet dernier, du permis de construire par le préfet d’Île-de-France. Mais la controverse subsiste : Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la mairie de Paris, qualifie cette décision de « déni de démocratie ». – Marie Baléo, responsable des études et des publications

→ Et sur le même sujet : notre projet d’étude sur les grands projets et la démocratie, qui donnera lieu à la publication d’un rapport en novembre 2020.


SUBURBIA OR NOT ? 
– Aux États-Unis, une enquête menée auprès de 55 000 personnes s’est intéressée à leur perception des espaces urbains, périurbains et ruraux : de quelle catégorie leur lieu de vie relève-t-il selon eux ? Trois chercheurs ont alors créé un algorithme apprenant visant à prévoir, selon 22 variables démographiques, la réponse des personnes interrogées. Un succès dans environ 85% des cas pour chaque variable : ont-ils « décrypté le code » des représentations des espaces urbains ? – Romain Morin, assistant de recherche


APRÈS EUROPACITY
– Le Conseil d’État a entériné la création de la ZAC du Triangle de Gonesse le 1erjuillet dans le cadre d’un procès qui opposait l’État et des associations de protection de l’environnement. Le projet EuropaCity, annulé en novembre dernier, aurait occupé 80 hectares de la ZAC sur un total de 300. Il est à présent prévu que cet espace sera occupé par une gare du Grand Paris Express, 800 000 m² de bureaux en plus de 200 000 m² « d’activités technologiques ». Àsuivre. – Sarah Cosatto

→ Et sur le même sujet : notre nouvelle note sur l’artificialisation des sols.


EMPIRE STATE OF MIND – À Manhattan, l’espace public est valorisé à 1 700 milliards de dollars. Pourquoi l’offrir aux voitures, qui occupent déjà un quart de l’espace du quartier ? Voici la question que pose le cabinet d’architecture PAU dans les colonnes du New York Times. – Romain Morin

→ Et sur le même sujet : retrouvez notre conférence sur « Les espaces publics : clé du confinement et du déconfinement » filmée dans le cadre du cycle « 30 minutes pour demain » de Leonard.

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